Quelques mois après l'énorme succès de "Guerriers d'hiver" racontant l'héroïque défense du peuple finlandais face aux Russes lors de la seconde guerre mondiale, Olivier Norek revient avec une bande dessinée "IMPACT", un manifeste écologique radical.
Dans l'Archipel de Tokelau, dans l'Océan Pacifique, une jeune fille Tearanui interroge son grand-père : "Mais si nous sommes les seuls à faire des efforts, ça ne changera rien ?" "Bien sûr que si, car lorsque l'humanité s'éteindra, nous, nous n'aurons pas besoin de nous excuser. Sois sûre qu'aucun effort n'est jamais perdu." (Extrait)
Comme un état d'urgence. Olivier Norek est toujours en colère. Cinq ans après la sortie du roman "IMPACT", l'auteur aveyronnais revient avec une version BD. Pas moins édulcorée. IMPACT est un manifeste écologique radical. L'humanité va mal, très mal. Il faut agir et vite.
Lorsque l'humanité s'éteindra, nous, nous n'aurons pas besoin de nous excuser.
Extrait
Virgil Solal, ancien soldat des forces spéciales, décide de faire payer les responsables. Il use du kidnapping. La rançon ? 20 milliards d'euros. "Mais vous faîtes un pas pour la planète et je vous récompense..." L'écoterroriste est à la tête de Greenwar dont la population soutient l’action.
Diane Meyer, pscychocriminologue et le capitaine Nathan Modis sont chargés de mener la négociation. Mais faut-il lutter contre une cause juste ?
Une BD d’enquête, une BD d’aventure et une BD de tribunal
Après "Entre deux mondes" sur la jungle de Calais, Olivier Norek, citoyen engagé, nous embarque une nouvelle fois dans une croisade.
Impact est à la fois une BD d’enquête, une BD d’aventure et une BD de tribunal. De quoi plaire au plus grand monde. Une manière habile, aussi, d'attirer ce plus grand monde à une introspection : "Et moi, que fais-je pour sauvegarder l'humanité ?"
Entretien avec Olivier Norek
Pourquoi avoir souhaité adapter votre roman en bande dessinée ?
Tout simplement parce que l'écologie, ce n'est pas un sujet parmi tant d'autres. L'écologie, c'est le sujet qui va infuser toutes les prochaines décisions.
Il faut en parler, en parler. Il ne faut pas montrer du doigt, et essayer de culpabiliser. Il faut juste qu'ensemble, on essaye d'adopter de bons gestes, de bonnes manières de vivre, toujours en accord avec la planète.
Parce qu'en fait, le problème, ce n'est pas la planète. Le problème, c'est l'humanité. La planète, elle ira très bien. On est là depuis 0,002% de sa présence. Donc honnêtement, on est juste un mauvais rhume. Non, c'est surtout l'humanité qu'il faut protéger.
Et pour ça, il faut que le discours soit accessible à toutes et à tous.
Il y a des gens qui n'arrivent pas à rester immobiles avec un bouquin pendant plus de 30 minutes. Donc je me dis qu'une bande dessinée, ça permettrait peut-être d'aller chercher ceux et celles qui n'ont pas le temps ou qui n'aiment pas lire ou qui préfèrent les bandes dessinées. En fait, mon but, c'est que le message ait le plus de visibilité et le plus d'oreilles.
Agissez-vous un peu là comme un porte-parole de la cause ?
Nous sommes tous porte-parole de cette cause. Et puis, c'est une cause qui est défendue depuis tellement longtemps. Le MIT en 1972 (NDLR: Rapport Meadows pour qui une croissance infinie n’est pas possible et conduirait à des pénuries, d’eau, de nourriture, de matières premières, pétrole, gaz, etc. d’ici 50 à 100 ans.), déjà, nous alertait sur le concept des énergies fossiles qui vont avoir une fin. Jules Verne aussi dans L'île mystérieuse disait que ce serait pas mal de s'intéresser à l'hydrogène parce que les énergies fossiles, ça a une fin aussi.
Pourquoi est ce que l'écologie n'est pas aujourd'hui au centre des préoccupations des politiques publiques ?
Cela fait trois ans que je n'ai pas entendu le mot écologie dans la bouche de nos politiques. L'écologie a totalement disparu du programme, de tous les programmes.
En fait, on focalise sur l'immédiat. Nous sommes en face du tout premier défi de l'histoire de l'humanité qui nous demande d'agir comme des dieux et pas comme des hommes. Pourquoi comme des dieux ? Il faut une infinie bonté, un infini altruisme pour vouloir défendre une planète sur laquelle on ne marchera plus puisqu'on sera mort.
Il est là, ce défi, il est incroyable. Il y a déjà des endroits sur la planète qui sont impropres à la vie, mais ce n'est pas en Europe. En fait, le truc, c'est le concept de la peine au kilomètre, ou de la douleur au kilomètre, ou des morts au kilomètre. Trois enfants français qui meurent dans un accident de manège, ce sera toujours plus important que des enfants qui meurent tous les jours de faim et de soif en Afrique sud saharienne.
Le truc, c'est que notre confort, il se paie avec leur sang en leur volant des années de vie.
IMPACT, c'est aussi un appel à la jeune génération ?
Elle a un rôle important, de moteur dans cette prise de conscience. Ma génération, celle de mes parents, nous sommes dans cette ornière de ne pas avoir eu à faire attention. Si, dès le départ, on apprend ces nouveaux gestes et ces nouvelles habitudes aux nouvelles générations, alors ça deviendra un réflexe.
Mais surtout, soyons très très clairs, on peut faire tout ce qu'on veut, on peut trier tous les déchets qu'on veut et on peut ramasser derrière soi tout ce qu'on veut et consommer aussi bien et de manière aussi éveillée que l'on veut. Cela ne changera strictement rien si les États-Unis, la Chine et l'Inde ne se décident pas, eux aussi, à rentrer dans cette grande aventure qui est la grande aventure de la sauvegarde de l'humanité.
Et aujourd'hui, avec l'élection de Trump, qui est un climato-sceptique avéré, il n'y a pas grand-chose pour nous rassurer.
J'y crois encore parce qu'il reste encore peut-être une possibilité. Elle est assez simple. L'écologie, aujourd'hui, crée moins d'argent que les énergies fossiles. Et nous sommes dans un système économique, le capitalisme, qui ne s'intéresse aux choses que si elle crée de l'argent.
En fait, le but de demain, c'est de rendre économique l'écologie. C'est-à-dire que l'écologie, les énergies vertes doivent créer de l'argent, de la richesse et de l'emploi. Et là, obligatoirement, le capital, qui est un animal boulimique, se tournera vers elle parce qu'elle y a un intérêt financier.
Le roman, c'est quelque chose de très personnel. Et comment avez-vous réussi à travailler avec Fred Pontarolo ?
J'aime son trait, sa colorisation et sa manière de travailler. C'est une histoire de confiance. Il m'a présenté quelques planches. J'ai validé les personnages, les couleurs et la manière de dessiner.
IMPACT est un manifeste radical sur l'écologie mais vous n'avez pas oublié d'y insérer une enquête policière ..
Moi, j'utilise les enquêtes policières comme des escroqueries. Je sais que vous ne voulez pas lire sur la jungle de Calais pendant 500 pages ("Entre deux mondes", 2017). Je vais vous raconter une grosse affaire de police autour. Et à la fin, vous aurez quand même eu 500 pages sur la jungle de Calais.
Je sais que vous voulez pas lire 500 pages sur le changement climatique. Ne vous inquiétez pas. Donc j'apporte un peu de mystère, un peu de polar, un peu de ludique. Mais à la fin, vous aurez quand même eu 500 pages sur le changement climatique. En fait, j'utilise l'alibi du ludique du roman policier pour amener vers des sujets parfois un peu rédhibitoires, des sujets sur lesquels on n'a pas envie de parler.