"On arrive, on vient retirer le matériel" : quand la Poste ne paie plus assez pour ses points relais dans les petites communes

Le relais postal assuré par une épicerie solidaire à Pinsaguel, commune de 3 000 habitants de la Haute-Garonne, va-t-il disparaître ? La menace plane après la renégociation de la rémunération prévue dans un contrat de présence postale sur le territoire national. Le maire est vent debout.

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Après le retrait de la Poste, il y a trois ans, une solution de maintien de ce service public au sein de la petite commune de Pinsaguel en Haute-Garonne avait été trouvée avec la municipalité. Un relais postal était mis en place dans une épicerie. Le contrat de présence territoriale de La Poste, signé avec l'État et l'association des maires de France, prévoyait alors une rémunération de l'ordre de 930 euros hors taxe par mois pour les gérantes de cette épicerie. Mais voilà, le tarif a été revu à la baisse. Et le relais postal de Pinsaguel pourrait bien disparaître.

"On arrive, on vient chercher le matériel"

Jean-Louis Coll se dit fortement déterminé à mener le combat. Et le maire de Pinsaguel n'est pas loin du sentiment de trahison. "Est-ce que ma fonction a un sens ? Est-ce que la courtoisie élémentaire a un sens ? On m'a baladé...", nous dit-il.

"Il y a trois ans, les gens de la Poste sont venus me trouver, en me disant que le bureau de Poste allait fermer. Et l'alternative qu'on leur a proposée, c'était de coupler le relais postal à un projet d'ouverture d'épicerie sociale et solidaire. Et ça a marché pendant trois ans", raconte le maire de Pinsaguel.

Et puis, cet été, les responsables de l'épicerie sont informés que la rémunération du service postal dans les communes dont la population est comprise entre 2 000 et 3 500 habitants est revue à la baisse. Il s'agit désormais d'une rémunération variable, estimée sur la base de l'activité de 2023, à 250 euros par mois. Bien loin du prix de la location du local de l'épicerie qui s'élève à 1 600 euros.

Les semaines, les mois passent. Informé de la situation, le maire de Pinsaguel cherche à entrer en contact avec les responsables de la Poste. Il envoie un courrier pour réclamer un moratoire. Pas de réponse. Samedi 11 janvier, un facteur annonce aux responsables de l'épicerie qu'à la fin du mois, c'est terminé. Et ce mardi 14 janvier 2025, "quelqu'un de Portet, c'est le gros bureau de Poste qui est à côté, a eu l'élégance de leur dire : on arrive, on vient retirer le matériel", raconte Jean-Louis Coll.

Colère du maire. Sur la forme et sur le fond. "Si vous voulez, dans l'état dans lequel se trouve notre pays, liquider, pour des économies de bout de chandelle, un service public qui maintient du lien social dans les communes, ça me met vent debout." Une pétition a été lancée en mairie, puis mise en ligne.

"Cela va isoler davantage des publics fragiles"

Du côté de la direction de la Poste d'Occitanie, on nous confirme qu'une nouvelle convention nationale est en cours d'application avec une rémunération variable, liée aux opérations réalisées. Mais "le contact n'est pas rompu pour trouver un accord. La présence de ce point relais à Pinsaguel n'est pas remise en cause", nous indique le service communication.

Pas de quoi rassurer Jean-Louis Coll qui regrette que ce changement de contrat de présence territoriale ait été acté. "L'Association des maires de France, je me demande comment ils ont pu signer un truc comme ça. C'est-à-dire que c'est une décision qui a été prise sans aucune mesure d'impact", nous dit-il. Les premières personnes venues signer la pétition en mairie sont des personnes âgées qui ne conduisent plus, explique l'élu. "Une personne de 80 ans, elle ne va pas faire six kilomètres à pied pour aller retirer de l'argent à la Poste de Portet".

La suppression du service postal, cela va isoler davantage tout un tas de publics fragiles.

Jean-louis Coll, maire de Pinsaguel (31)

Mais ce que le maire dénonce surtout, c'est que ce changement de rémunération du service postal ne concerne que les communes de 2 000 à 3 500 habitants. Pour l'élu, il y a là une forme d'inégalité de traitement des citoyens. Jean-Louis Coll a demandé la saisine de la Commission départementale de présence postale territoriale en Haute-Garonne. Il dit également avoir relancé la direction de La Poste pour obtenir un moratoire.

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