Depuis 2020, « Les bureaux du cœur » facilitent la mise à disposition de locaux une fois la journée de travail achevée. Une initiative encadrée qui a séduit le patron d'une société à Toulouse (Haute-Garonne).
"C'est l’espace où a pu dormir Sano pendant le temps où il a été hébergé", présente Julien Falgayrat président d’Ergonova.
Derrière des rideaux, une petite pièce est équipée d'un clic-clac, d'une armoire, d'un bureau et d'un radiateur. "L’idée était que cela soit son espace, le temps qu’il soit invité. De manière assez simple, on a pu créer un petit cocon", explique ce chef d'entreprise installée dans le quartier des Sept Deniers à Toulouse (Haute-Garonne).
Une mise à l'abri de 3 à 6 mois
Ce dirigeant a choisi d'héberger gracieusement une personne sans domicile fixe dans ses bureaux le soir et les week-ends par le biais de l'association "Les bureaux du Cœur", née à Nantes en 2020. Depuis sa création, 278 personnes ont été accueillies en France, un moment de répit et de sécurité dans un quotidien incertain.
Les personnes privées de logement sont mises à l’abri pendant 3 à 6 mois. Pour les entreprises hôtes, la solidarité prend ici tout son sens. Elle se traduit par une expérience humaine singulière.
"On fait confiance à quelqu’un qu’on ne connaît pas, on lui laisse presque les clés d'une certaine maison. Donc c'est faire confiance à des gens qu’on ne connaît pas. Je trouve ça humainement très riche et puis de partager des histoires de vie qui sont complètement différentes des nôtres, peut-être aussi de rencontrer l’inconnu."
Julien Falgayrat, président d’Ergonova
Une expérience enrichissante aussi pour le personnel de la société. "On l'a croisé quelquefois quand même le matin autour du café, relate Chloé Doudoux, assistante de gestion chez Ergonova. C’est arrivé quelques fois. Il nous a parlé pas mal de son parcours, toutes ses péripéties. Ça fait relativiser."
Une initiative qui répond à un cahier des charges
Une initiative très encadrée qui s'appuie un cahier des charges précis et sur la signature de convention entre les différentes parties. Assurance et bénévole référent, rien n’est laissé au hasard. Quant aux personnes logées, elles doivent répondre à des critères bien spécifiques.
"Globalement, il faut qu'elle se rapproche de l'insertion sinon ce sont d'autres dispositifs. On ne peut pas accueillir dans les entreprises des personnes qui seraient trop éloignées. Donc, il faut qu'elle soit en situation régulière sur le territoire français ou a minima, en situation de régularisation, énumère Pascale Freignaux co-déléguée « Les bureaux du Cœur » Toulouse. Il faut qu'elle soit personne seule. Majeure, sans addiction, sans animaux et sans gros problème de santé qui mettrait en péril leur autonomie dans l'entreprise. "
Selon l'association, plus de 330 000 personnes seraient sans logement pérenne en France. Les bureaux, eux, ne sont occupés que 30% du temps.
(Propos recueillis par Sandra Wachlewicz et Xavier Marchand)