C'est une mobilisation plutôt rare. Les agents de l'OFB se sont rassemblés ce vendredi 31 janvier devant la préfecture de région à Toulouse. Ils étaient une trentaine. Mais leur désarroi est immense. Tous dénoncent les dégradations régulières de leurs locaux par des syndicats agricoles et plus récemment des attaques verbales de responsables politiques qui remettent en cause leurs missions.
Une "humiliation", une "faute", ce sont les mots utilisés par le Premier ministre François Bayrou pour qualifier certaines inspections d'agents de l'OFB chez des agriculteurs. "Une arme à la ceinture dans une ferme déjà mise à cran par la crise", poursuivait François Bayrou lors de sa déclaration de politique générale.
Colère et incompréhension
Plus difficile encore à entendre pour les 3.000 agents de l'OFB. "L'OFB doit être purement et simplement supprimé", a récemment déclaré le patron des députés LR Laurent Wauquiez.
Laurent Wauquiez a proposé de supprimer l'OFB : "Notre objectif est de supprimer l’OFB, un organisme qui vient contrôler les agriculteurs avec un pistolet à la ceinture alors qu’ils nous nourrissent" et répond à l'attaque d'Hugo Clément ! Qu'il vienne le Hugo ! pic.twitter.com/txsNYVbYbM
— Jaime Les Paysans (@JaimeLesPaysans) January 28, 2025
De quoi mettre à cran les agents de l'Office français de la biodiversité. Des fonctionnaires chargés de faire respecter les règles en matière d'usage des pesticides, d'arrachage de haies ou de respect des arrêtés sécheresse, de contrôler les chasseurs, de lutter contre le braconnage ou le trafic d'espèces protégés.
🔴 Stop au bashing de l’@OFBiodiversite !
— Anne Stambach-Terrenoir (@Anne_Stambach) January 29, 2025
Les propos irresponsables de Bayrou mettent en danger les agents de l’OFB alors qu’ils sont essentiels pour protéger la biodiversité !
Notre agriculture dépend de la préservation de la nature, opposer les deux est inacceptable et… pic.twitter.com/rofmtJO9B2
C'est dans ce contexte, qu'une intersyndicale a appelé à la mobilisation des agents.
— Sne-FSU Biodiversité (@snefsuOFB) January 30, 2025
Pédagogie
Ce vendredi 31 janvier, en Haute-Garonne comme dans d'autres départements de France, des agents se sont rassemblés aux portes des préfectures pour dire leur désarroi.
"Nous sommes inquiets pour l'avenir de notre établissement. On agit dans l'intérêt de la population française. Notre mission c'est préserver la santé, notre alimentation. Notre établissement est essentiel pour préserver la biodiversité", explique Raphaël Martin, technicien de l'environnement.
Quant au port d'une arme lors de contrôle qui a pu être dénoncé par des politiques ou responsables du monde agricole, les agents rétorquent : "C'est un sujet d'incompréhension pour nous, car nous agissons dans le respect d'un cadre qui nous est imposé. Il nous est demandé de porter une arme lors de nos contrôles".
Des contrôles pas toujours bien perçus ou compris. Ce rassemblement se double d'une volonté de pédagogie. "On cherche à rappeler quelles sont nos missions. On est là pour des enjeux importants comme la préservation de la ressource en eau, le respect de la biodiversité. Tous ces enjeux sont importants pour tous. Et il est important que ces missions soient légitimées", affirme Stéphanie Flipo, chargée de mission à l'OFB.
Pour elle, il est nécessaire de sortir de cette situation de tension. "On n'est pas contre l'agriculture. L'agriculture a besoin de la biodiversité pour fonctionner et nous avons besoin de l'agriculture. Il est primordial que l'on travaille ensemble et que cela se passe dans l'apaisement", rajoute Stéphanie Flipo.
Selon l'intersyndicale, 3/4 des agents étaient en grève.
Propos recueillis par J.Valin et E.Leroy