PHOTOS. "Elles peuvent arracher les doigts des enfants" : ces tortues invasives se répandent sur le canal du Midi et font craindre le pire

Au bord du canal de Midi près de Toulouse (Haute-Garonne), les tortues serpentines prolifèrent. Dangereuse et invasive, cette espèce venue tout droit de Floride représente une grande menace. Un spécimen était récupéré ce vendredi 13 décembre par le spécialiste des reptiles Philippe Gillet.

Près de 1200 kilomètres de route spécialement pour cette tortue. Philippe Gillet, président de l'association-refuge INF Faune basé à Nantes, n'a pas hésité à se lever aux aurores afin de se rendre sur le canal du Midi ce vendredi 13 décembre.  

Et pour cause, cet aller-retour express dans le sud-ouest lui permet de récupérer une espèce bien différentes des autres : la tortue serpentine. Classée comme invasive et venue tout droit de Floride, cette espèce n'a en réalité rien à faire en France. Pourtant, elle prolifère bien dans la région Occitanie et principalement sur les berges du canal du Midi. "C'est un gros problème, les tortues serpentines détruisent l'environnement et bouffent tout ce qui bouge", souffle Philippe Gillet. "Il faut l'enrayer rapidement. Ce n'est pas bon du tout d'avoir ces nouvelles espèces dans le pays."

Ce vendredi 13 décembre, le spécialiste est venu récupérer pour son refuge une tortue capturée il y a trois mois près de la Ferme Pédagogique de Cinquante à Ramonville-Saint-Agne.

Une habitude pour les habitants des péniches 

Pour récupérer le spécimen, Philippe Gillet s'est rendu chez Marco Robert. Ce dernier vit sur une péniche du canal du Midi depuis 4 ans et a appris à vivre avec les tortues serpentines. "Nous avons l'habitude d'en voir donc il y a moins d'inquiétude. Nous n'avons pas peur car nous savons qu'il ne faut pas s'en approcher", témoigne Marco Robert, rappelant que chacun a une anecdote à propos de ces tortues sur les péniches voisines.  

Cette apparente banalité étonne Philippe Gillet tant l'espèce peut s'avérer dangereuse. "J'imagine un petit enfant qui va se baigner dans le canal. La tortue lui arrache son doigt en un rien de temps", craint le spécialiste. Philippe Gillet ne croit pas si bien dire. Il est attaqué sans arrêt par la tortue dès lors qu'il s'approche d'elle pour prendre sa température ou vérifier si elle est équipée d'une puce.

Extrêmement réactive, la tortue serpentine dispose d'une force de morsure ahurissante, qui équivaut à la force d’environ 300 hommes adultes assis sur un seul endroit. Pour attaquer, le cou de la tortue se détend comme un ressort à la vitesse de l'éclair. 

Mais pas de panique pour le moment. "Avec le temps hivernal, les tortues serpentines ne pointent pas le bout de leur nez", pointe Philippe Gillet. Elles devraient ressortir sur les berges du Canal du Midi courant avril. 

Des spécimens pouvant atteindre les 40 kilos 

Il est aujourd'hui interdit en France de détenir cette espèce aussi appelée tortue hargneuse. Suite à cette interdiction, certains particuliers ont décidé de la relâcher, entraînant une prolifération de l'espèce.

Philippe Gillet a apporté des bébés tortues serpentines pour montrer à quel point elles grandissent rapidement. "Petite, la tortue est toute mignonne puis elle est grossie et devient agressive. Beaucoup la lâchent alors dans la nature, ce qui est très dangereux", explique le spécialiste. 

La tortue, qui peut peser jusqu'à 40 kg, fait partie d'une longue liste des espèces exotiques envahissantes en Occitanie. Au printemps prochain, l'association INF Faune réfléchit déjà à la mise en place de nasses où les tortues viennent pondre afin de les piéger et en enlever un maximum.

Protéger la nature sans tuer les espèces

Philippe Gillet se rend dans les quatre coins du pays pour récupérer ces espèces dangereuses et les conserver dans son refuge. "La loi indique qu'il faut euthanasier ces tortues. Selon moi, ce n'est pas la solution. J'essaye de nettoyer la France des espèces invasives sans avoir à les détruire", explique le spécialiste des reptiles. 

Il aimerait désormais faire un voyage en Floride pour ramener dans leur habitat naturel la dizaine de tortues serpentines présentes aujourd'hui dans son refuge de Nantes.  

De son côté, Marco Robert invite tous les habitants de Toulouse et ses alentours à contacter la Capitainerie de Port-Sud en cas de présence d'une tortue invasive afin de permettre une prise en charge adaptée de l'animal et éviter toute blessure.