En plein Covid, la chambre des comptes d'Occitanie recommande la suppression de lits et de médecins au CHU de Toulouse

La Chambre régionale des comptes d'Occitanie préconise dans un rapport la baisse du nombre de médecins et un meilleur taux de remplissage des lits au sein du CHU de Toulouse. Ces recommandations pour raisons financières font polémique en pleine crise du coronavirus. 

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Le document ne compte pas moins de 153 pages et a été rendu public jeudi 1er octobre par la Chambre régionale des comptes d'Occitanie. La juridiction financière "a contrôlé la gestion du centre hospitalier universitaire (CHU) de Toulouse à compter de 2012 jusqu’à la période la plus récente."

Dans son rapport, la CRC loue la qualité de soins, de la recherche, celle des plateaux techniques de l’établissement toulousain, faisant de lui le 4e hôpital de France. Mais la chambre souligne également la "dégradation de la situation financière et patrimoniale" du CHU en raison de la concurence privée mais aussi par la dispersion et l'augmentation de la surface de ses bâtiments. "Pour rétablir sa trajectoire d’exploitation, le CHU doit se restructurer fortement" conclut le chambre régionale. 
 

Moins de lits et de médecins

Au fil des pages, les magistrats égrènent les recommandations pour y parvenir. Deux d'entres-elles font vertement réagir le personnel hospitalier de Toulouse :
  •  améliorer le taux d'occupation des lits "La performance de l’établissement a été affectée jusqu’en 2015 par de faibles taux d’occupation. Ce constat demeure partiellement d’actualité puisque le taux d’occupation global des lits de l’établissement est de 85 % en 2017 et 2018. À titre indicatif, la direction générale de l’offre de soins (DGOS) a déterminé un taux d’occupation « cible » de 95 % en médecine et chirurgie (130 % en chirurgie ambulatoire) et de 85 % en obstétrique. Fin décembre 2017, les taux d’occupation de l’établissement étaient de 78,55 % en médecine, 90,08 % en chirurgie et 82,9 % en obstétrique."
     
  •  supprimer des postes de médecins "Cette restructuration prévue dans le projet d’établissement 2018-2022 doit s’accompagner de mesures rapides de maîtrise des charges, et notamment de celles de personnel, qui ont augmenté de 79 M€ entre 2012 et 2017. Cette démarche a d’ores et déjà été impulsée en ce qui concerne le personnel non médical, mais doit être consolidée et s’étendre au personnel médical, et notamment à la permanence des soins, dont le coût s’avère élevé."

"Une logique financière, responsable de la crise"

Des préconisations "abjectes" pour Pauline Salingue, du syndicat CGT du CHU : "Les objectifs sont clairement affichés : supprimer des lits et des postes de médecins. En pleine crise du Covid, c'est affligeant. Ce rapport est l'illustration d'une logique financière ne prenant jamais en compte les questions de santé. Le problème est que c'est cette logique financière qui nous amène à cette situation de crise.

Selon le syndicat, l'établissement de santé toulousain a déjà connu "300 suppressions de postes en 5 ans". Ce rapport a d'autant plus de mal à passer que le ministre de la santé, Olivier Véran, a promis lors du Ségur de nouveaux lits et de nouveaux effectifs pour les hôpitaux français.

Arthur Justo est interne depuis 6 ans au sein de l'établissement. Le président de l'association des internes des hôpitaux de Toulouse est spécialisé dans la chirurgie orthopédique et traumatologique.

Des méthodes de calcul différentes

Son sentiment diffère des conclusions du rapport de la Chambre des comptes "Nous nous avons l'impression que nos lits sont bien remplis. Depuis que je suis là, deux services ont fermé. Parfois nous reçevons trop de patients et nous ne savons pas toujours où les mettre. Il est vrai que les méthodes de calcul sont différentes entre les médecins et l'administration".

Quant à l'idée de supprimer des postes de médecins, son avis est aussi clair sur la question. "Les internes qui ont un statut batard sont de plus en plus utilisés. Cela veut dire qu'il manque du monde. Cela parait suprenant qu'il y ait trop de médecins dans les hôpitaux."

"Vu la situation actuelle, ils auraient pu s'abstenir de sortir ce rapport" estime Pauline Salingue. Car dans l'attente des promesses du gouvernement, le CHU de Toulouse fait lui de nouveau face à l'épidémie.
 

500 recrutements depuis la crise du Covid ? 

Pour répondre aux besoins de cette deuxième vague du Covid-19, le Centre hospitalier est passé lundi 28 septembre en plan "hôpital sous tension : 20 % des interventions sont déprogrammés, les visites interdites et les patients ne présentant pas de "signes de gravité" refoulés des urgences. 

Questionné à ce sujet, vendredi 2 octobre, lors d'un point presse, Marc Penaud le directeur du CHU de Toulouse assure que ce rapport n'a "aucune incidence sur le nombre de personnel et celui des lits" et d'ajouter avoir même procédé à "500 recrutements depuis le début de la crise du Covid". 

Des chiffres relativités par le syndicat de la CGT "En comparaison de l'an dernier sur la même période, 475 personnes ont été embauchées selon les données de la direction. En réalité, il y a eu 25 embauches supplémentaire par rapport à l'année dernière" détaille Pauline Salingue. 
 

Des réactions "à tort" selon la CRC

Du côté de la Chambre régionale des comptes d'Occitanie, on souligne que les éléments de ce rapport sont bien antérieurs à la crise du coronavirus et au Ségur de la santé. Rendu en janvier 2020, il n'a été présenté au conseil de surveillance du CHU de Toulouse qu'en juin dernier. Selon la juridiction financière, son intérêt porte avant tout sur le projet immobilier de l'hôpital toulousain afin de répondre à la forte concurrence de l'offre privée et qu'il reste toujours pertinent.

Après avoir supprimé ses publications sur les réseaux sociaux concernant son rapport, la CRC estime, vendredi soir dans un communiqué de presse , que les réactions suscitées par sa publication son "à tort": "Le contrôle du CHU de Toulouse ne s'inscrit pas dans le contexte actuel lié à la crise sanitaire. Le contexte a changé après la crise d'ampleur du printemps dernier. Mais le message du rapport demeure : le CHU doit absolument être accompagné dans une restructuration immobilière par un financement national. (...) La trajectoire de redressement fixée par la tutelle ne peut être suivie par le CHU sans aide institutionnelle forte au préalable (financement national via l'instance COPERMO), à la hauteur des enjeux que doit affronter le 4e établissement hospitalier public de France."
 
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