Le gouvernement souhaite réformer la formation des futurs médecins généralistes, en instaurant une quatrième année d’internat dans les déserts médicaux. Une mesure "dangereuse" aussi bien pour les patients que pour les jeunes médecins selon Adèle Bichaoui, étudiante à Toulouse et vice-présidente de l’association nationale des étudiants en médecine de France.
Adèle Bichaoui nous répond depuis Paris, où elle s’est rendue pour manifester ce vendredi 14 octobre contre la quatrième année d’internat que souhaite mettre en place le gouvernement pour les futurs médecins généralistes. L’idée serait de les inciter à s’installer dans des déserts médicaux pour finir leurs études, afin de pallier le manque de praticiens.
Une initiative dangereuse selon l’étudiante toulousaine de 22 ans et vice-présidente de l’Association nationale des étudiants en médecine de France : "Le problème c’est que dans ces endroits il y a un manque de médecins donc forcément il n’y a pas assez de maîtres de stage, explique celle qui se destine à une carrière de généraliste. Donc les étudiants ne seraient pas correctement accompagnés."
La fin du "médecin de famille"
D’après Adèle, les internes de quatrième année assumeraient les responsabilités de médecins établis, sans être supervisés. Tout cela auprès d’une patientèle qu’ils ne connaissent pas.
Le danger c’est que le médecin généraliste, c’est censé être le médecin de famille. Celui que l’on connaît depuis petit et qui nous suit tout au long de notre vie. Là, il n’y aura plus de suivi pour les patients car les médecins changeront tous les ans. Ça met en danger leur santé.
Adèle Bichaoui, étudiante en médecine et vice-présidente de l’Association nationale des étudiants en médecine de France
Une mesure qui "nuirait au bien-être mental des jeunes médecins"
Néfaste pour les patients, cette mesure le serait aussi pour les jeunes médecins selon elle. "On finit nos études vers trente ans, détaille Adèle. On a créé notre vie quelque part, on peut avoir une vie de famille, et on nous demanderait de tout changer et de nous installer ailleurs. C’est quand même compliqué."
Avoir des médecins qui vont dans ces endroits par dépit, et auxquels on rajoute la fatigue et le surmenage, ça mènera à l’épuisement professionnel. Et ça va se répercuter sur les patients.
Adèle Bichaoui, étudiante en médecine et vice-présidente de l’Association nationale des étudiants en médecine de France
La Toulousaine avance même que depuis le dévoilement de cette mesure - pour laquelle les étudiants n’ont pas été consultés affirme-t-elle – certains de ses camarades qui souhaitait se tourner vers la médecine générale envisagent désormais d’autres spécialités.
Favoriser plutôt les stages dans des déserts médicaux tout au long de la formation
Alors plutôt que modifier le déroulement de l’internat en médecine générale, l’Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF) et d’autres organisations estudiantines proposent de revoir tout le déroulé de la formation des futurs praticiens, en incluant davantage les déserts médicaux.
"Nos études se font surtout dans les grandes villes" déplore Adèle. La vice-présidente de l’ANEMF estime qu’une meilleure solution pour résoudre le manque de médecins dans certaines zones serait d’accompagner financièrement les étudiants pour qu’ils puissent y faire leurs différents stages. Cela pourrait davantage leur donner envie de s’y installer à l’issue de leurs études, d’après la jeune femme.