Le Racing 92 n'a pas baissé la tête après sa désillusion en Coupe d'Europe et a reporté son appétit de titre sur le Top 14 avant de recevoir ce samedi (20h45) une équipe de Toulouse en plein boom pour un alléchant barrage à Colombes.
Ce sont deux formations ambitieuses et gavées de confiance qui se mesureront dans le désuet stade Yves-du-Manoir avec l'ambition, au terme de ce match de muerte, de rejoindre le vendredi suivant Clermont en demi-finale à Rennes.
Pour le Racing, il s'agit d'étalonner la force de la résilience, quatre semaines après s'être incliné lors d'une finale européenne sans âme ni saveur face aux Saracens (21-9). Marqués l'an passé par une cruelle défaite en quarts de finale continentaux face aux même Anglais, au point de rater leur fin de saison, les Franciliens ont cette fois tenu fermement la barre, en enchaînant trois victoires en championnat pour se soigner le moral.
L'injection d'éléments d'expérience, comme l'ouvreur vedette Dan Carter, et cruciaux pour l'ambiance générale (Masoe, Nyanga, Tales...) n'est sûrement pas étrangère à l'effet d'entraînement qui a permis au Racing de l'emporter, même avec une infirmerie pleine ces dernières semaines.
Plus solide mentalement, un peu plus joueur aussi, ce Racing paraît mieux armé pour aller au bout que sa version 2015, défaite en barrages par le Stade Français, ou même 2014, battue en demies par Toulon après avoir été chercher sa qualification à Toulouse.
Mais les pépins se sont enchaînés dans les ultimes feux d'une saison qui n'en finit plus de s'étendre. On tremble pour le mollet de Dan Carter, l'épaule de Chris Masoe, la deuxième ligne est en jachère sans parler du poste de pilier droit, amputé par les blessures et le licenciement burlesque de Martin Castrogiovanni.
Il y a donc une occasion à saisir pour Toulouse, en quête d'un vingtième Bouclier de Brennus, le premier depuis 2012. Malgré un contexte interne tumultueux, le secteur sportif se porte à merveille avec six victoires de rang et une qualification pour la phase finale obtenue dans une relative sérénité.
"Il y a eu une phase régulière qui a été assez significative de ce qu'on a été capables de faire", souligne l'entraîneur Ugo Mola, se félicitant d'avoir "toujours été dans les six premiers" cette saison.
"Le fait d'être la deuxième attaque, la première défense, d'avoir plein de voyants au vert nous conforte dans le rugby qu'on veut proposer",
remarque encore Mola, qui a plutôt bien géré la transition avec l'emblématique cornac des Rouge et Noir Guy Novès.
"On ne sera pas favoris", estime de son côté le capitaine Thierry Dusautoir. "Malgré tout il faut foncer, c'est aussi pour ces moments-là qu'on se bagarre dans la boue pendant tout l'hiver et qu'au fond, on joue au rugby."
D'autant plus que le Stade Toulousain sera, lui, quasiment au complet et reposé. Dans la peau du chasseur hors de ses terres et contre un adversaire fragilisé, cela pourrait lui sourire.