Le "héros du Pont-neuf" n'a pas bénéficié de la mansuétude des services de l'Etat pour son acte de bravoure mais simplement d'un vice de procédure.
Un jeune sans-papiers, surnommé "le héros du Pont neuf" à Toulouse où il avait sauvé un homme en septembre, a été libéré du centre de rétention, non pas en reconnaissance de sa bravoure mais pour une irrégularité de procédure, selon des sources concordantes.
Une nuit de septembre, cet homme de 24 ans s'est illustré en sauveteur courageux. Voyant un homme se jeter dans la Garonne, à Toulouse, il avait plongé et l'avait ramené, vivant, sur la berge.
La préfecture du Gers lui avait alors signifié son "obligation à quitter le territoire français".
Mercredi, "M. Djaoued a finalement été libéré du centre de rétention administrative" où il était placé près de Toulouse, selon Léo Claus, coordinateur de l'association d'aide aux migrants, la Cimade. "Mais c'est parce qu'il y avait une nullité dans la procédure et non parce que la préfecture aurait fait preuve d'indulgence à son égard".
Me Barbot-Lafitte avait plaidé mercredi que l'interpellation s'était faite de façon irrégulière et le juge des libertés et de la détention lui avait donné raison. Sinon, "il serait a priori toujours en rétention, même si son acte était hors du commun", a-t-elle relevé.
Vendredi, au cabinet du préfet de région à Toulouse, on faisait un distinguo entre "l'acte de civisme" du jeune homme et "sa situation administrative", "deux sujets disjoints".
La préfecture de Haute-Garonne avait écrit à M. Djaoued après le sauvetage, car "c'est un acte qu'il faut saluer, il n'avait pas hésité à se jeter à l'eau", a souligné cette source préfectorale. Mais, par ailleurs, "on essaie d'éclaircir la situation de cette personne qui déclare ne pas avoir de domicile ni aucun papier et n'a pas fait de demande d'asile en France. On n'arrive pas à définir son pays d'origine", a dit cette source préfectorale.
M. Djaoued, qui assure avoir quitté l'Algérie à 15 ans, avait passé 45 jours en rétention durant l'été, mais les autorités algériennes n'avaient délivré aucun document pour permettre sa reconduite.