Depuis plusieurs années, Villemur-sur-Tarn, en Haute-Garonne, projette de redonner vie à d'anciennes friches industrielles du 19e siècle. Un projet d’hôtel, d'un restaurant, de commerces et de logements doit y voir le jour pour plusieurs dizaines de millions d’euros investis par un promoteur immobilier. Mais des chauves-souris, dont les espèces sont protégées, ont investi le site, ne permettant pas au projet de prendre son envol.
Vendues au groupe Essor pour 500 000 euros par la mairie, les anciennes friches Brusson de Villemur-sur-Tarn en Haute-Garonne, qui abritaient autrefois une usine de pâte, devaient être transformées. Des logements, un hôtel, un restaurant, un tiers-lieu, des commerces doivent y voir le jour sur une partie du site situé en bord de rivière. En 2022, le lieu a fait l'objet d'un important incendie dont les auteurs ont été retrouvés et condamnés.
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Le projet baptisé la Manufacture n'est pas arrêté pour autant. Mais le lieu est devenu le refuge d'un millier de chauves-souris, présentes quelques semaines dans l'année.
Hier, mercredi 15 janvier 2025, la lecture du rapport du Conservatoire d’espaces naturels d’Occitanie (CEN), a douché les espoirs de poursuite des travaux. Le bâtiment ne doit pas être modifié afin de ne pas déranger les deux espèces de chiroptères protégées qui fréquentent ces friches entre le printemps et l'été.
Qu'il y ait une présence de chiroptères qui puissent compliquer le projet, on en avait tous conscience, mais on avait bon espoir de trouver des solutions qui peuvent satisfaire le CEN et pour que le projet puisse se réaliser
Dominique Laplace, directrice du groupe immobilier Essor
350 emplois à la clé
Un coup dur pour la municipalité qui misait sur ce projet pour redynamiser la commune avec 350 emplois. Pour le maire, Jean-Marc Dumoulin, la lecture du rapport du CEN condamne l'ensemble du projet :
Cela condamne tout le bâtiment, car aujourd'hui, les chauves-souris ont l'usage et la pratique de circuler dans les étages supérieurs, car il n'y a pas plus d'activités humaines, c'est fragile, ça a brûlé, elles occupent ponctuellement un espace pour se mettre à l'abri
Jean-Marc Dumoulin, maire de Villemur-sur-Tarn
Pas question pour autant de figer le site ou même d'abandonner le projet : "Si on ne fait rien dans ce bâtiment, la protection des prédateurs ne sera plus là, le toit va s'écrouler et il y aura danger pour les populations qui violent ce domaine public, et les chauves-souris ne seront plus protégées et elles partiront", analyse l'édile.
Pour le groupe immobilier qui a prévu d'investir 31 millions d'euros, la décision du CEN ne sera pas sans conséquence : "Cela va impacter les délais des travaux, il faudra une dérogation espèces protégées qui sont des dossiers réglementaires longs, et il y aura un impact financier certain."
Même si la porte semble fermée, Dominique Laplace, espère que ce rapport n'empêchera pas le projet de prendre son envol : "la conservation des espèces protégées cela a du sens, il faut juste que l'on réouvre le dialogue pour trouver des solutions et des compromis pour que le projet se fasse."