"Utiliser le ciel pour économiser la neige" : une start-up conçoit une IA pour éviter le gaspillage dans les stations de ski

Avec le réchauffement climatique, skier devient de plus en plus un luxe. Pour continuer à attirer les passionnés de sports d'hiver, les stations des Pyrénées et des Alpes ont recours à la neige de culture. Mais cette production est gourmande en eau. Pour éviter le gaspillage, une start-up de Toulouse a trouvé une solution. Après 2 ans de test, la plateforme est opérationnelle.

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En France, une station de ski sur deux est équipée de canon à neige pour faire face aux aléas climatiques.

Sans grande surprise, cette neige de culture est gourmande en énergie. La production d'un hectare de neige artificielle nécessite 4000 mètres cubes d'eau, selon un rapport de la FNE en 2022

Au total, 25 millions de mètres cubes sont consommés chaque hiver, par les stations, reconnaît l'association des Domaines skiables de France. 

Canon à neige © VINCENT VOEGTLIN / MAXPPP

Si l'impact n'est pas neutre pour l'environnement, une solution pourrait venir d'une start-up toulousaine, Elda Technology, située à 186 km de la première montagne.

"Utiliser le ciel pour économiser la neige"

Depuis 2022, trois jeunes ingénieurs de 26 ans peaufinent une innovation unique en France : un drone équipé de capteurs Lidar et dopé par une intelligence artificielle prédictive. 

Notre solution cartographie avec précision le manteau neigeux des domaines. Cela permet de savoir s'il manque de le neige ou non. Et combien faut-il en rajouter sur telle ou telle piste.

Julie Aubert

l'une des fondatrices d'ELDA TECHNOLOGY

Nos données sont intégrées "directement aux dameuses de la station pour permettre aux conducteurs de connaître en temps réel l’état du manteau neigeux" poursuit-elle. 

En sachant avec exactitude les épaisseurs de neige, la station peut ainsi optimiser sa production de neige de culture, chercher de la neige naturelle hors du domaine et réduire ainsi son impact environnemental. 

ELDA SNOW utilise des drones équipés de capteurs LiDAR pour cartographier avec précision le manteau neigeux des domaines © Elda Technology

Le bilan est positif assure Benjamin Faure, le responsable de l’activité drone de Serre Chevalier. La station des Alpes utilise le dispositif depuis 2 ans sur ses 250 km de pistes.

S'il est encore difficile de calculer l'économie sur l'eau, l'innovation toulousaine présente de nombreux avantages "pour évaluer l'état de la neige", poursuit-il.

D'autres systèmes existaient mais sans jamais utiliser le drone. Ce dernier nous permet de chercher la neige située en dehors en domaine

Benjamin Faure

Station Serre Chevalier

D'autres stations de sports d'hiver ont également été séduites.

Le Grand Bornand teste la plateforme depuis mars 2024. Val Thorens, le plus haut village d'Europe situé à 2300 mètres d'altitude, a commencé à scanner les 3200 hectares de son domaine. 

Dans les Pyrénées, seulement Ax 3 Domaines en Ariège, vient de signer un partenariat. 

Prévoir la fonte de la neige sur 10 jours

Cette année, le trio toulousain veut aller plus loin. 

Depuis cet hiver, la plateforme "Elda Snow" est dotée d'une d’intelligence artificielle prédictive capable d’anticiper la fonte des neiges à 10 jours.  

Les 3 fondateurs de la start-up Elda Technology. De Gauche à droite :Charlotte Brenac, Nicolas Guibal et Julie Aubert, © Elda Technology

Férus de montagne, les trois concepteurs ont eu l'idée de ce drone intelligent lors de leur master à L’ISAE-SUPAERO de Toulouse. Cet établissement public d’enseignement supérieur forme aux multiples métiers de la filière aéronautique et spatiale. 

Diplômés à l'été 2022, les 3 amis lancent aussitôt leur start-up. Après des mois de test, la commercialisation de leur innovation a début en septembre 2024.

Aujourd'hui, 6 personnes travaillent au sein de la jeune pousse.  

Primée à plusieurs reprises, Elda Technology prépare pour le printemps 2025, une première levée de fonds de 700 000 euros. 

La somme permettra notamment d'étendre le modèle au-delà des sommets enneigés. En effet, leur système peut s'adapter à d'autres environnements. 

"Notre plateforme peut se décliner dans divers secteurs : gestion littorale, suivi des forêts, agriculture de précision, et bien d’autres encore", précise Julie Aubert.

Des pistes de ski à la plage de la Méditerrannée, l'aventure de cette jeune pousse toulousaine est prête à décoller. 

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