Près de 700 personnes, dont de nombreux gilets jaunes, sont venus assister au grand débat national au Palais des Congrès de Béziers ce lundi 4 février animé par Robert Ménard, le maire de la ville. Deux grands thèmes ont été abordés, le pouvoir d’achat et la justice fiscale.
"C'est un débat où on pourra tout dire, parler de tout...", assure en introduction M. Ménard, élu en 2014 à la faveur d'une triangulaire avec le soutien du Front national.
Le gouvernement "nous proposait un kit pour organiser le débat" et "même un animateur", ironise l'ancien président de Reporters sans frontière (RSF) qui, très à l'aise distribuera la parole à sa guise et fera de nombreux commentaires tout au long de la soirée.
Robert Ménard demande aux participants de "parler correctement" et annonce 10 thèmes issus des cahiers de doléances : classe politique, fiscalité, gouvernement d'Emmanuel Macron, retraites, pouvoir d'achat, démocratie, justice sociale, immigration, Etat et mobilité.
Pouvoir d’achat et justice fiscale, deux grands thèmes abordés
Après de longues interventions de la salle sur "l'exemplarité des élus", le premier thème, M. Ménard donne la parole "au député qui a été classé le plus assidu" à l'Assemblée nationale: "Ma femme", dit-il. Emmanuelle Ménard détaille alors ce qu'elle touche pour ses fonctions et se prononce également "absolument contre" la diminution du nombre de parlementaires proposés par certains participants et favorable à une "présence obligatoire" des députés dans l'hémicycle.
Peu de voix discordantes se font entendre dans la salle. Même l'opposant municipal communiste Aimé Couquet plaisante avec le maire, qu'il remercie de porter pour l'occasion un "gilet rouge".
Au fil des témoignages, propositions, commentaires, revient en boucle dans la troisième ville la plus pauvre de France une des principales revendications des gilets jaunes : le pouvoir d'achat.
Nicole, artisane et mère de trois enfants avoue ne pas arriver à joindre les deux bouts et demande que la TVA soit supprimée pour les produits de première nécessité : "On pourrait regagner un peu d'air", soupire la jeune femme.
Le thème de l'immigration, à peine abordé
"L'immigration choisie et contrôlée", un des thèmes choisis, est aussi abordé en fin de soirée: "Je ne suis pas raciste mais il faut savoir dire stop", lance une participante au débat.
Pourtant défendu par Robert Ménard comme un sujet « central » des préoccupations des Français, le sujet de l’immigration n’aura été qu’effleuré ce soir.
Grand débat ou grand meeting ?
Dès les premières minutes le maire de Béziers a posé les bases de l’échange : « Il n’y aura aucune censure » avant d’ajouter « les gilets jaunes sont mes amis ».
Celui qui avait pourtant promis de ne pas s’exprimer sur les sujets évoqués par les participants n’a pas hésité à défendre son propre bilan sur certains points comme sur la dette de la commune. Au désespoir de quelques participants qui quittent la salle avant la fin du débat :
« Je trouve que ça tourne trop autour de Monsieur Ménard, il veut jouer le maître de cérémonie mais il a sans doute oublié que si on est là c'est grâce au gilets jaunes » explique Eric.
Pour les participants restés jusqu’à la fin, on se félicite de ce débat « très intéressant ».
A 23h05, Monsieur le Maire clôt le débat et invite la centaine de personnes qui restent à prendre un verre. Sous les applaudissements, on entend des « Robert président ! » .
A Béziers, on dirait bien que la campagne des municipales est lancée.