À Béziers (Hérault), l'usine de production de produits phytosanitaires SBM est complètement bloquée par un mouvement de ses salariés. Face à la dangerosité des produits qu'ils manipulent, ces derniers réclament une augmentation de salaire de 150 euros brut.
Malgré le froid glacial cette semaine, les salariés de l'usine SBM Fomulation ont passé la nuit du jeudi 16 au vendredi 17 janvier 2025 devant leur usine. Une décision de blocage, prise à l'issue de négociations annuelles jugées décevantes, dans l'après-midi du jeudi 16 janvier.
"On leur a fait nos propositions, c’est-à-dire une augmentation mensuelle de 150 euros bruts, assure Michael Sala, délégué CGT. Ce qui correspondant à environ 100 euros net. Au vu de l'inflation, on ne demandait pas la lune. D'un revers de main, tout a été balayé par un 'non' direct."
"On a un marché difficile, il faut qu'on essaye de maîtriser notre masse salariale pour rester compétitifs, explique Cyril Van Caneghem, le directeur de SBM Formulation Béziers. Si on augmente trop nos salaires, on aura un problème de prix de revient et donc de possibilité de conserver nos clients".
Un argument difficile à entendre pour les syndicats, qui regrettent le versement de 64 000 euros en prime d'objectifs pour les cadres en 2024. Alors que les ouvriers avaient négocié une augmentation de 2,75 % pour faire face aux 5 % d'inflation.
Des produits dangereux
Surtout, les ouvriers mettent en avant leurs conditions de travail dans une usine qui fabrique des produits phytosanitaires destinés à l’agriculture à l'étranger. Une usine classée Seveso, qui utilise des produits dangereux classés CMR (Cancérogène, mutagène et toxique pour la reproduction).
"Après 17 ans de travail je suis toujours au même niveau, autour de 2200 euros, regrette un salarié. Je fais les trois-huit, je travaille avec des produits PMR, du stress, des conditions de travail lamentables avec des ateliers particulièrement froid en ce moment".
Dans la matinée, la direction et les syndicats se sont rencontrés. Des avancées auraient été obtenues mais le syndicat majoritaire en attend davantage.
Le mouvement se poursuit
"On attend qu'ils reviennent vers nous avec des propositions chiffrées en euros, poursuit Michel Sala, de la CGT. Quand on les aura, on fera comme on a toujours fait, on consultera les salariés et ils prendront la décision de reprendre le travail ou non".
Pour l'heure, et dans l'attente de nouvelles propositions, le mouvement de grève est maintenu. Les machines sont à l'arrêt et les camions bloqués à l'entrée.
Écrit avec Sébastien Banus et Franck Detranchant