À Coulobres, dans l'Ouest héraultais, un projet de retenue d'eau hivernale portée par le département suscite la polémique. D'un côté, le Conseil départemental de l'Hérault et des agriculteurs locaux qui attendent cette mégabassine pour assurer la pérennité des exploitations. De l'autre, des riverains qui craignent des nuisances olfactives et sonores.
C'est un lotissement en périphérie de Coulobres (Hérault). Au nord-est de Béziers, cette petite commune de 365 habitants, est naturellement entourée d'oliviers sur les hauteurs et de vignobles. C'est justement dans une parcelle de vignes, jouxtant ce lotissement, "les Condamines" qu'à l'horizon 2028, le Département de l'Hérault a prévu de construire une retenue d'eau hivernale à laquelle les agriculteurs et viticulteurs pourront se greffer pour arroser leurs exploitations.
Un projet pour répondre au changement climatique et à la sécheresse estivale qui déplaît à certains riverains.
"Ce qui nous dérange, c'est la proximité avec nos habitations, évoque en premier lieu Éric Marcinkowski, le secrétaire de l'association "Terre de Lène", créée pour l'occasion. Cela devait être en bordure, mais ça a finalement été décalé, 200 mètres plus loin".
La crainte de nuisances sonores et olfactives
Mais même 200 mètres plus loin, les quinze membres de cette association n'en veulent pas, craignant que le paysage ne se retrouve "dénaturé" par une digue de six mètres de haut, prévue dans le projet.
En plus, des nuisances olfactives et sonores vont arriver sur le village. Il va y avoir davantage de moustiques quand le niveau va baisser. Et même des bactéries quand l'eau chauffera. Puis, il y aura le bruit des grenouilles qui vont pulluler.
Éric Marcinkowski, secrétaire de l'association "Terre de Lène".
Une première réunion publique a eu lieu, en juillet dernier. Elle n'a pas dissipé les craintes des membres de cette association qui a même créé une pétition en ligne pour dire "non à cette construction". Pourtant, le Conseil départemental ne cesse de justifier son projet. Il a lancé une étude pour savoir si la création de réserves alimentées en hiver par un prélèvement à partir de l'eau du Rhône serait faisable sur ce territoire, ainsi qu'à Florensac et dans les villages de Caussiniojouls, Autignac et Magalas.
Le département réfute le terme de "mégabassine"
Si les opposants qualifient ces retenues d'eau de "mégabassines" en référence à l'emblématique (et médiatique) projet des Deux-Sèvres, le Département s'en défend. À la différence des "mégabassines", aucun prélèvement ne se fera dans les nappes phréatiques, assure la collectivité. L'eau des 500.000m3 attendus, sur une surface de 11,5 hectares, soit 16 terrains de football, ne proviendra que du Rhône.
"Cela fait deux ans qu'on n'a pas d'eau, ça a commencé en 2023 et ça a été la même chose en 2024, expose Jérôme Izard, viticulteur à Coulobres. La viticulture ne marche pas très bien en ce moment et le manque d'eau concerne tous les agriculteurs du secteur. Les oléiculteurs en souffrent, comme les maraîchers, les producteurs d'asperge ou même l'élevage de poules voisin".
Dans les alentours, certains sont même passés à la culture de fruits exotiques, comme la grenade, moins dépendants à l'eau, en raison du changement climatique.
Réponse en janvier
Selon lui, l'apport de cette retenue d'eau serait une chance pour maintenir ses activités agricoles. Pour l'heure, il tente de conserver l'humidité et l'aération des sols en les grattant régulièrement à l'aide de griffes. Mais ces techniques prennent du temps et n'assurent pas une réussite totale.
D'autres projets similaires existent à Florensac, Pouzolles et Magalas. Le Conseil départemental ne donnera son avis définitif qu'au mois de janvier prochain.
