Le franc-tireur Philippe Saurel (DVG, ex-PS), maire de Montpellier, signera vendredi un accord de coopération avec Toulouse devenue capitale de la nouvelle région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées. Il cherche à "défendre" son territoire avec l'objectif d'en faire un pôle économique en Méditerranée.
"C'est pour défendre l'équité territoriale que je suis allé aux Régionales à la tête d'une liste citoyenne", explique Philippe Saurel à l'AFP, "alors que les grands partis politiques avaient tous placé à leur tête des personnalités de Midi-Pyrénées", comme la socialiste Carole Delga, devenue présidente de région, son allié du second tour Gérard Onesta (EELV) ou encore Dominique Reynié (LR).
Montpellier ayant perdu son statut de capitale du Languedoc-Roussillon, à la faveur de la fusion administrative des régions, Saurel a voulu "anticiper les effets de la réforme territoriale" et travailler en amont, à un accord de coopération avec Toulouse et son maire Jean-Luc Moudenc (LR).
Même si nous n'avons pas la même couleur politique, nous nous sommes retrouvés autour de projets et objectifs communs, notamment sur le plan économique", dit Philippe Saurel.
Dans sa vision, "Toulouse devient capitale de la grande région et Montpellier se transforme en Métropole de la Méditerranée".
A cette fin, celui qui administre une métropole de 430.000 habitants à la tête d'une alliance citoyenne DVG, mise sur une coopération accrue avec Sète, grand port de pêche, et prévoit un "renforcement des relations avec les six villes jumelées du bassin méditerranéen", Barcelone, Kos, Tibériade, Tlemcen, Fès et Bethléem.
Un accord avec Palerme est également en gestation et sera signé au printemps.
La priorité pour Saurel, qui revendique une certaine proximité avec le parti de la gauche radicale espagnole Podemos et avec Ada Colau, la maire de Barcelone, également proche de Podemos, est de "réactiver la relation ancestrale avec Barcelone et développer le potentiel économique du triangle d'or Barcelone, Montpellier, Toulouse".
Saurel, un homme à abattre pour le PS ?
Qu'elle le veuille ou non, la nouvelle direction de région devra compter avec Montpellier qui est un de ses moteurs essentiels de développement et a la capacité de mettre en place ses propres projets", martèle Saurel.
Après un long froid, il doit rencontrer Carole Delga, le 1er février, et affirme vouloir avec la région "une relation apaisée".
Ne cessant de fustiger "l'incapacité du parti socialiste à se renouveler" et se disant "un tiers issu de Jaurès, un tiers bonapartiste, un tiers anarchiste", Philippe Saurel cherche aussi à mieux faire connaître au plan national "l'expérimentation
politique" en cours à Montpellier.
Entré au Parti socialiste (PS) en 1994, dans le sillage de la figure locale Georges Frêche, il en a été exclu en 2014 après une candidature dissidente à la mairie de Montpellier, qu'il a remportée en promettant de "faire de la politique autrement". Il bâtit dans la foulée une métropole de 31 communes dont il prend la tête et inflige des revers aux partis traditionnels aux départementales.
Aux régionales de décembre, son score global de 5% - raillé par ses adversaires, souvent PS - est, selon lui, "unique en France pour une liste citoyenne". A Montpellier même, il est arrivé largement en tête, devant le FN et le PS. "Les partis politiques se désagrègent et seul un renouvellement passant par un rassemblement de citoyens autour de projets concrets menés dans la transparence peut vaincre le Front national", analyse Philippe Saurel.
Ce petit-fils de cheminot et fils d'instituteur, devenu chirurgien-dentiste du temps où "l'ascenseur social" fonctionnait, estime que "ce modèle de liberté de parole et de démarche de proximité est reproductible au plan national".
De quoi en faire "un homme à abattre pour le PS", souligne un observateur de la vie politique locale, notamment dans la perspective des législatives de 2017. Car, poursuit-il, au-delà de Montpellier, Saurel "cherche aussi à défendre et étendre son territoire politique".