Le verdict clément et de réconciliation des jurés de la cour d'assises de l'Hérault semble satisfaire toutes les parties. Bien que reconnu coupable de tentative de meurtre, René Galinier, 78 ans, devrait rapidement sortir de prison. Il a déjà effectué 2 mois de détention provisoire en 2010.
Le septuagénaire de Nissan-lez-Ensérune a été reconnu coupable de tentative de meurtre et donc condamné, vendredi, par la cour d'assises de l'Hérault à Montpellier à 5 ans de prison, dont 4 ans avec sursis, pour avoir grièvement blessé de deux coups de fusil en 2010, à son domicile, deux jeunes cambrioleuses roms.
L'avocate générale Manon Brignol avait requis à son encontre cinq ans de prison ferme au troisième jour du procès pour cette double tentative de meurtre. On "ne peut pas répondre à un cambriolage par un meurtre", avait-elle déclaré.
René Galinier qui a effectué 68 jours de prison préventive et qui comparaissait libre, a été écroué à l'issue de l'audience. Il pourrait effectuer 2 mois de prison avant d'être libéré.
Pour l'avocate générale, les qualités humaines incontestables et la vie sans histoire de M. Galinier jusqu'au 5 août 2010 ne devaient "pas dispenser la justice de juger".
"Sa maison, c'est toute sa vie et je le conçois (...). Je comprends les sentiments de peur, de panique, de colère aussi quand il a compris ce qui était en train de se passer", a expliqué Mme Brignol, déplorant par ailleurs "l'inertie des services" face à ce genre d'actes.
"Salena et Marina ne se résument pas à une +sale race+. Ce sont des être humains avec leur parcours, leurs joies, leurs peines, leurs difficultés", a-t-elle encore ajouté.(On) ne peut pas considérer que deux petites Roms prises la main dans le sac et dans la boite à bijoux méritent la mort", a poursuivi la magistrate.
"Le paisible retraité n'est peut-être pas si gentil. Il a agi avec une cruauté qui laisse pantois (...). Il aurait pu tirer en l'air ou au sol", a-t-elle fait valoir, rappelant l'expression "sale race" utilisé par l'accusé pendant sa garde à vue.
Nous avons la prétention de dire qu'à sa place nous aurions été des professeurs de droit, des universitaires de la légitime défense. On aurait brandi le code pénal face aux cambrioleuses. Mais quand on est dans le feu, il brûle. Quand on est dans la peur, on tremble", lui a répondu l'un des avocats de l'accusé, Gilbert Collard, par ailleurs député du Gard et secrétaire général du Rassemblement bleu marine.
"Franchement tous ces discours académiques confrontés à la réalité, ils ne pèsent pas plus que l'enseignement d'un muet", a ajouté Me Collard. Soulignant que le septuagénaire "n'a jamais voulu tuer", Me Collard a "supplié" de ne pas renvoyer cet homme en détention.
Auparavant, pour la partie civile, Me Arnaud Silvio-Rossi avait pour sa part mis en doute la panique invoquée par l'accusé pour justifier son geste.
Cette notion de peur est trop récurrente. Je n'y crois pas un seul instant", a-t-il asséné. "Chasseur et ancien d'Algérie", il ne pouvait ignorer qu'à une si courte distance, "il allait faire des ravages".
"On n'est pas dans le procès de la peur mais dans celui de la défiance et de la discrimination", a renchéri sa consoeur, Me Muriel Piquet, ajoutant: "M. Galinier s'est laissé emporter par les a priori".
Le condamné qui a été conduit en prison à l'issue de l'audience peut désormais faire appel du verdict. Mais ses avocats ont annoncé qu'il n'avait pas l'intention de le faire.
Du côté de victimes, les deux jeunes filles ont obtenu une avance sur indemnisation de 25 mille euros pour l'une et 40 mille euros pour l'autre, au regard des handicaps causés par les coups de feu.