Comme d'autres sportifs de la région, Rosa Gangloff a ajouté sa signature à la tribune parue mercredi 22 janvier 2025, dans le journal L'Équipe. Elle dit tout son désaccord quant au projet de baisse du budget des sports. Des économies qui font débat, jusque dans les rangs du gouvernement.
Six mois après les Jeux olympiques et paralympiques, c'est une nouvelle qui a fait grincer des dents chez les sportifs français. Prié de faire des économies, le Gouvernement propose une baisse de 33 % pour le budget du sport, en 2025. Soit une perte de 34 millions d'euros pour le ministère des Sports.
Un "sabotage du vivre-ensemble"
Ce mercredi 22 janvier 2025, 425 athlètes qui ont fait briller la France lors des Jeux olympiques et paralympiques dénoncent cette baisse des dotations publiques, jugée non pas comme "une économie" mais plutôt comme "un sabotage du vivre ensemble".
Riner, Patouillet, Batum... 425 athlètes des JO de Paris signent une tribune contre la baisse du budget des Sports
— L'ÉQUIPE (@lequipe) January 22, 2025
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Dans cette tribune, publiée chez nos confrères de L'Équipe, les sportifs français emmenés par Teddy Riner, Marie Patouillet ou encore Nicolas Batum étayent d'abord le "tournant décisif pour le sport français" qu'a représenté Paris 2024. "Nos clubs ont vu une hausse de plus de 20 % des demandes d'inscriptions par rapport à 2023 ! Le voilà, l'héritage de Paris 2024 : une envie de sport, de se dépasser, de pratiquer ensemble", s'enthousiasment-ils d'abord. Avant de poursuivre, interrogatif : "Mais qui aurait cru que nous passerions aussi rapidement de la ferveur populaire à la désillusion la plus totale ?"
"C'est terrible pour les athlètes moins médiatisés et pour la jeunesse, regrette Rosa Gangloff, la marathonienne languedocienne passée tout proche d'une médaille paralympique au marathon. Les résultats et les vocations passent par la visibilité."
Comme d'autres sportifs du Languedoc et du Roussillon, tels qu’Alexis Lebrun, Marina Jelh, Julien Michaud ou encore Shirine Boukli, elle a fait le choix de signer cette tribune. "Il faudrait faire des économies sur autre chose, en donnant moins de subventions aux grosses fédérations, comme le football ou le rugby, qui bénéficient déjà du sponsoring et des droits télé, imagine-t-elle. Ce n'est pas de la jalousie et je n'ai rien contre ces sports. Mais laissons cet argent pour les petites fédérations".
Le Gouvernement assume...
En compte rendu du Conseil des ministres ce mercredi, la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, a justifié ce choix, précisant que la décision finale reviendrait à la commission mixte paritaire : "Je leur réponds aussi [aux sportifs] que chacune des dépenses de l'État doit faire des efforts. Le sport y compris. Nous avons eu une séquence exceptionnelle en 2024 autour des Jeux olympiques et paralympiques avec des budgets qui avaient été augmentés pour le sport. Il est donc légitime que nous revenions à un étiage plus raisonnable même si nous avons une ambition sportive qui s'est développée. Le Sénat a fait des travaux. La commission mixte paritaire tranchera".
... pas le président de la République
Mais dans l'après-midi, une autre voix s'est élevée pour dire, quant à elle, tout son soutien aux sportifs. Celle du Président de la République, Emmanuel Macron : "Vous avez raison, a-t-il répondu aux sportifs par l'intermédiaire du journal L'équipe. Depuis 2017, j'ai veillé à ce que le budget du sport augmente chaque année. Nous avons organisé des Jeux olympiques et paralympiques magnifiques. Il faut tenir nos engagements et mettre les moyens pour nos sportifs et pour que l'héritage des Jeux bénéficie à tous".
Dans la même lignée, la ministre des Sports Marie Barsacq a également dénoncé cette économie : "J'alerte surtout sur l'effort qui est demandé au sport qui est trop conséquent au regard de ses moyens. 33 % de réduction de budget c'est vraiment beaucoup pour un secteur d'intervention. Nous n'avons pas du tout la possibilité de rogner sur des achats ou de la masse salariale, ce ne sont que des subventions que nous donnons".
La commission mixte paritaire tranchera
Celle qui a œuvré pendant dix ans comme directrice exécutive Impact et héritage au comité d'organisation de Paris 2024 veut défendre l'héritage laissé par l'événement : "Les Jeux Olympiques et Paralympiques ont eu un effet majeur et c'est l'effet que nous attendions tous : celui d'encourager les gens à faire du sport. On a même vu qu'on n'a pas pu accueillir tout le monde à la rentrée. Il faut donc trouver des solutions et une partie des solutions c'est d'avoir des équipements et des éducateurs pour pouvoir les accueillir".
Comme dans nombre d'autres ministères, les discussions et négociations devraient aller bon train dans les prochains jours. La commission mixte paritaire, qui se réunira le jeudi 30 janvier prochain, sera chargée de trancher.