Cela fait maintenant un an que les agriculteurs ont lancé un appel à l’aide national. Les raisons de leur colère sont multiples : l’accord de libre-échange du Mercosur, les difficultés financières auxquelles ils sont confrontés, la réglementation européenne ou encore la concurrence déloyale de certains pays. En Occitanie, le mouvement a été très suivi par les viticulteurs. Retour sur l'année 2024, une année de lutte.
Le monde agricole est sorti des campagnes en début d’année 2024. Motifs de colère : le traité UE-Mercosur, accusé de fragiliser l'agriculture européenne et la revendication de revenus décents pour les agriculteurs.
C'était il y a un an.
2024 : année de la colère des agriculteurs
La première grande manifestation se déroule à Toulouse, le 16 janvier 2024. 400 tracteurs et 2 000 agriculteurs, d'après les organisateurs (près d'un millier selon la préfecture), manifestent dans le centre-ville de Toulouse. Deux jours plus tard, plusieurs axes routiers sont bloqués ou filtrés dans la région toulousaine.

Le mouvement de contestation du monde agricole prend une tournure particulièrement violente dans la nuit du 18 au 19 janvier 2024, avec une explosion dans les bâtiments de la Direction régionale de l’environnement à Carcassonne, revendiquée par le comité d’action viticole.
Le gouvernement annonce des mesures d’aides jugées insuffisantes par les agriculteurs.
Le mouvement se poursuit et ce sont les axes autoroutiers qui deviennent la cible des manifestants.
Le lundi 18 novembre 2024 s'est déroulé la première grosse action des agriculteurs de l'Hérault, puis dans le Gard en fin de journée. Le mouvement s'est ensuite étendu à toute l'Occitanie.
Axes routiers bloqués
Le 26 janvier 2024, la journée est marquée par le blocage des autoroutes et par un convoi d’une ampleur inédite qui rallie la préfecture de l’Hérault. On dénombre plus de 500 tracteurs à Montpellier. La manifestation déborde à Narbonne, où un bâtiment de la Mutualité sociale agricole est incendié, de même que le bureau des douanes à Nîmes.
Les démonstrations de force se multiplient dans la région. Plusieurs manifestations sont organisées, notamment des opérations coup de poing ou des groupes d'individus, parfois cagoulés, qui prennent pour cible des camions transportant des marchandises venues de pays étrangers, notamment du vin et des fruits et légumes en provenance d'Espagne.
Il faudra attendre le 1er février 2024, lorsque Gabriel Attal annonce de nouvelles mesures, pour que la situation s'apaise un peu. Les barrages sont levés, mais la colère reste toujours vive.
Les panneaux de signalisation retournés sont cette fois retirés, des radars sont bâchés.
Retour en force du mouvement en novembre
Le mouvement reprend en novembre 2024 pour s’opposer à l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Mercosur. Le mouvement de protestation est encore important dans les Pyrénées-Orientales, dans l'Aude et dans le Gard. À Nîmes, la MSA est la cible des agriculteurs, ils ont construit un mur devant le bâtiment de la mutuelle le 27 novembre 2024 avant de déverser des bennes de détritus et d'y mettre le feu.
Dissolution de l'Assemblée nationale
La dissolution de l’Assemblée nationale, le 4 décembre 2024, et la fin du gouvernement Barnier entraînent un nouveau report des promesses faites aux agriculteurs à l’issue de la crise.
Finalement, le 6 décembre 2024, l’accord avec le Mercosur est signé. Les agriculteurs dénoncent une trahison de l’Europe et une concurrence déloyale des pays sud-américains.
La colère est toujours présente et un appel à une mobilisation est lancé par le porte-parole de la Coordination rurale du Tarn-et-Garonne, Pierre-Guillaume Mercadal : "Le 5 janvier 2025, on va tous monter bloquer Paris !"
🚨🚜 BLOCUS DE PARIS DÈS LE 5 JANVIER !
— Résistance Paysanne (@ResistPaysans) December 27, 2024
L’agriculteur Pierre-Guillaume et la Coordination rurale appellent la population à se joindre aux paysans qui vont converger vers la capitale pour un blocus à durée indéterminée. #BlocusParis pic.twitter.com/tsg892bhDZ
Aujourd'hui, un an après...
Dernière date clé du mouvement, ce lundi 13 janvier 2025, François Bayrou reçoit les syndicats agricoles à la veille de son discours de politique générale. Des discussions manquant d'ambitions, selon les syndicats, qui réclament des mesures d’ici le Salon de l'agriculture, le 22 février.
Les agriculteurs n'envisagent pas de nouvelles actions dans les jours qui viennent...
Rédigé avec Florent Hertmann.