Chaque année, de plus en plus d'étudiants se tournent vers des formations en alternance. Mais la baisse prévue des aides de l'Etat fait peser des inquiétudes sur la filière.
Vélo suspendu, Maxyme remet la chaîne sur le dérailleur. À 18 ans, il apprend à réparer et à vendre des vélos. Il a choisi de suivre une formation en alternance, durant treize mois. Une semaine à l'école, deux en entreprise. Pour lui, c'est l'opportunité de se former à un métier, sans "rester tout le temps assis", comme il l'explique.
L'alternance n'a jamais séduit autant d'étudiants et d'entreprises. La prime de 6 000 euros du CAP au bac +5 par contrat a beaucoup fait pour populariser cette forme d'apprentissage. Gabriel Miras suit la même formation que Maxyme. "Pour moi c'était le top. Je voulais acquérir de l'expérience pour un futur projet".
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Apprendre en pratiquant
L'alternance semble être un parfait équilibre pour ces jeunes adultes, venus chercher à la fois un diplôme et un emploi. La formation "Technicien vendeur de cycles" de l'Association pour la formation professionnelle des adultes (AFPA) ne désemplit pas.
"La différence, c'est la pratique, assure Sébastien Hirtz, formateur à l'AFPA. Répéter le geste technique, c'est ça qui est intéressant pour apprendre un métier."
Trouver une alternance n'est pourtant pas toujours aisé. Il faut pour cela une entreprise prête à jouer le jeu. Brico Dépôt, grande enseigne de bricolage, a une vraie politique de recrutement d'alternants : plus de 700 chaque année en France, et une quarantaine rien que sur la région sud. Même le directeur du magasin, Ahmid Assioui, est issu de ce circuit.
Robin Jakubowski, étudiant en licence de management à Montpellier, s'apprête à terminer son alternance. Il ne cache pas sa hâte de se lancer dans la vie professionnelle. "Ce qui me faisait le plus peur, c'était le management humain, et j'ai beaucoup appris là-dessus", affirme-t-il.
Et après ? "L'objectif, c'est de pouvoir embaucher un maximum de nos alternants", assure David Dardaillon, responsable régional des ressources humaines. En moyenne, dans cette enseigne, entre 20 et 25 % d'entre eux sont embauchés à l'issue de leur formation.
Un avenir incertain
L'alternance semble donc être un pari gagnant. Mais pour combien de temps ? La baisse des aides de l'état, tant sur les primes que sur les exonérations de charges, pourrait fragiliser ce dispositif. Des mesures qui préoccupent Célia Bogard, la directrice de l'AFPA Montpellier - Saint-Jean-de-Védas. "C'est inquiétant, puisqu’on ne sait pas quelles seront les aides qui accompagneront les embauches en apprentissage pour l'année prochaine. Pour autant, les entreprises ont toujours des besoins."
Depuis 2017, le nombre d'alternants a été multiplié par trois, pour dépasser le million de contrats d'apprentissage fin 2023.