Hérault : baisse constante des moyens pour l'accueil des mineurs étrangers isolés

Après l'agression de trois personnes le 7 septembre sur l'Esplanade à Montpellier impliquant notamment des adolescents albanais, la polémique autour de l'encadrement des mineurs étrangers isolés enfle. Qu'en est-il de l'accueil de ces jeunes migrants dans l'Hérault ?


Ce sont des adolescents qui ressemblent à tous les autres... Mais arrivés en France seuls, sans famille. On les appelle mineurs non accompagnés... Ils sont 638 dans l'Hérault... Hébergés par le département, souvent en hôtel, faute de place en foyer. L'un d'entre eux, un jeune Africain, y a passé plus de 6 mois... Il raconte l'isolement et le désoeuvrement.
 

"Le matin, je me lève, je mange,et je retourne me coucher. Dans la soirée je sors pour aller m'entraîner au terrain. J'ai été tellement triste pendant ces six, huit mois que je n'arrive même pas à croire, je pensais qu'en venant ici ce serait mieux mais c'est le contraire"


Arrivé à 16 ans, il en aurait aujourd'hui 17. Mais tant que sa minorité n'a pas été reconnue par l'administration, il ne peut pas être scolarisé. Pour certains, cela peut prendre plus d'un an. Jusqu'en août, un lieu brisait la solitude de ces jeunes : l'association RAIH, qui proposait des permanences quotidiennes.


Une association en dépôt de bilan


Mais RAIH est aujourd'hui en dépôt de bilan. Pour cause de divergences de vues, la subvention du département a été drastiquement réduite, au profit d'une autre structure, sans accueil journalier pour l'instant, laissant les mineurs sans repère. Une catastrophe pour Béatrice Hervouet de RAIH (Réseau Accueil Insertion Hérault)


"Le risque c'est qu'ils soient dans la rue  plus facilement embringués dans des réseaux de trafics ou qu'ils tombent dans des dépressions plus graves"

 

Mineurs en grand danger


Un danger d'autant plus grand qu'ils ne voient leurs éducateurs que 2 à 4 fois par mois... Et que les procédures s'allongent... Ce que dénoncent les bénévoles du Réseau Education Sans Frontières, dont la permanence hebdomadaire ne désemplit pas.

"On a en cause cet esprit de suspicion systématisée vis-à-vis de ces jeunes alors que l'on devrait plutôt les accueillir avec bienveillance... Ce qui ne veut pas dire qu'il ne faut pas les évaluer : il y a certainement quelques jeunes qui sont majeurs et que l'on ne peut pas prendre en charge", s'indigne Thierry Lerch Bénévole à RESF (Réseau Education Sans Frontières).


Des tests osseux pour les évaluer


Car pour être reconnus comme mineurs et avoir droit à l'aide sociale à l'enfance, il faut d'abord que leur âge soit évalué... En cas de doute, la justice peut ordonner une enquête administrative, voire des examens médicaux comme les tests osseux... Chaque année, 2 à 3% d'entre eux sont finalement déclarés majeurs. 
Dans certains départements, un juge est spécialement dédié à l'examen des situations de ces jeunes migrants. Pas dans l'Hérault.


Le département plaide le manque de moyens



Le département plaide le manque de moyens... Les 25 millions d'euros alloués chaque année à leur prise en charge ne suffisent plus.
 

"La politique d'accueil des migrants et des jeunes migrants est une politique d'Etat. Donc, les moyens nous attendons de l'Etat qu'il nous les donne".


L'an dernier, le département de l'Hérault a reçu 2, 2 millions d'euros de l'Etat pour prendre en charge 79 jeunes de plus qu'en 2016.
En juin dernier, il a reçu un questionnaire d'évaluation de la part du Défenseur des Droits, auquel il n'a pas répondu.
Le département consacre 15 % de son budget à l'enfance aux mineurs non accompagnés.
 

"On est passés de 30 jeunes en 2013 à 638 actuellement avec les financements du département...  A un moment, ça coince !


ajoute Véronique Calueba-Rizzolo, conseillère départementale déléguée à l'enfance et à la famille.

Sur les 638 jeunes accompagnés par le conseil départemental de l'Hérault, 101 attendent aujourd'hui la reconnaissance de leur minorité... Avec pour seules ressources deux tickets-repas par jour, et vingt euros toutes les deux semaines. 38 sont en attente d'évaluation, 390 ont été confiés à l'aide sociale à l'enfance, 147 sont en contrat jeune majeur et 63 déjà évalués  sont en attente d'une mesure de protection judiciaire.
 
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