Expulsé vers l'Algérie, puis renvoyé en France dans la même journée, l'influenceur algérien Boualem Naman, connu sous le nom de "Doualemn", attend désormais de connaître son sort dans un centre de rétention administrative de Seine-et-Marne. Son avocate accuse le ministre de l'Intérieur d'avoir gonflé le dossier pour pouvoir appliquer une répression féroce contre son client.
"Tuez-le, laissez-le souffrir", c'est ainsi qu'avait été traduit le message lancé sur les réseaux sociaux par un influenceur d'origine algérienne, vivant à Montpellier. Cet homme de 59 ans avait appelé ses compatriotes à violenter un jeune homme qui aurait manifesté le 1er janvier contre le régime algérien.
Alerté par des internautes, le maire de Montpellier, Michaël Delafosse, suivi par le préfet de l'Hérault, avait saisi la justice, samedi 4 janvier, expliquant sur ce même réseau social : "l’incitation à la haine est un délit, à ce titre, cette vidéo ne fait aucun doute, je procède à un signalement au titre de l’article 40 du Code pénal auprès de l’autorité judiciaire de Montpellier."
Interpellé le lendemain à Montpellier, cet homme en situation régulière "qui vit depuis 40 ans en France et qui est employé en CDI comme agent d'entretien dans une salle de sport " selon son avocate, avait été expulsé jeudi 9 janvier l'Algérie, puis renvoyé en France dans la même journée, les autorités algériennes lui ayant interdit d'entrer sur leur territoire.
L'influenceur algérien Boualem Naman se trouve désormais dans un centre de rétention administrative de Seine-et-Marne.
"Une répression féroce "
Marie David-Bellouard, avocate de Doualemn, a vivement critiqué Bruno Retailleau ce lundi matin, lors d'une conférence de presse à Paris, pour son attitude concernant l'influenceur algérien.
"Ce dossier artificiellement gonflé par le ministre de l’intérieur qui a usé d’un pouvoir répressif en édictant un arrêt d’expulsion en urgence absolue, justifiée par une soi-disant menace grave à l’ordre public" affirme-t-elle.
Cela répond à un agenda diplomatique dans un contexte de crise aigüe entre la France et l’Algérie. Les éléments de faits reprochés à Doualemn ne permettent en aucun cas de justifier une menace grave à l’ordre public, ni cette répression extrêmement féroce du ministre de l’intérieur.
Marie David-Bellouard, avocate de Doualemn
Un homme déjà condamné à plusieurs reprises
Concernant cette procédure d'expulsion d’urgence absolue, ses avocats ont déposé un référé de suspension devant le tribunal administratif de Paris.
L'audience est prévue le 27 janvier à 14h30 : le juge administratif devra se prononcer sur la légalité de cet arrêté d’expulsion "qui a porté une atteinte disproportionnée à la vie personnelle et familiale de cet homme ordinaire, diabolisé par le ministre à l’intérieur" assène son avocate.
Selon France Info, cet influenceur qui compte des milliers d'abonnés sur son compte TikTok, a déjà été condamné à six reprises il y a une dizaine d'années, à des peines cumulées de près de 12 ans de prison, notamment pour trafic de stupéfiants.