Depuis des mois, les syndicats hospitaliers du CHU de Montpellier dénoncent des tensions et des problèmes importants, notamment de manque de personnels, au service des urgences. La CGT vient même de déposer un signalement de "péril grave et imminent".
Ce mardi matin, un rassemblement était organisé devant les locaux administratifs du CHU de Montpellier. Une centaine d'agents étaient présents. Ils demandent plus de moyens et de personnels aux urgences pour faire face à un nombre de patients toujours plus importants chaque jour.
5 500 passages de plus aux urgences en 2024
Les infirmiers, aides-soignants et médecins ont manifesté ce mardi matin pour protester contre la situation des urgences qui sont débordées de malades chaque jour et manquent de moyens.
5 500 admissions de plus aux urgences en 2024. Actuellement, ce service vital comptabiliserait 180 à 200 passages par jour, dont plus de 30 pour des patients âgés de 75 à 90 ans. Les syndicats pointent un risque d’épuisement des personnels dans un site construit en 1986 et aujourd'hui sous-dimensionné pour la population de la Métropole. Il y a 9 boxes d'accueil, moins que dans beaucoup d'hôpitaux de villes de moins de 100.000 habitants.
La CGT a d’ailleurs déposé une procédure de signalement de "danger grave et immédiat" la semaine dernière.
On demande aujourd'hui un agrandissement des urgences au plus vite pour avoir plus de boxes de soin et d'accueil. On veut du personnel pour pouvoir gérer le flux des patients. Il faut rouvrir des lits d'hospitalisation. La population de la métropole augmente et nos urgences ne sont plus adaptées à la démographie de Montpellier.
Pierre Renard, délégué syndical CGT du CHU de Montpellier
La rénovation du service des urgences du CHU de Montpellier est programmée pour 2028.
Le syndicaliste pointe la fermeture de 70.000 lits de réanimation et d'hospitalisation en France pour réaliser des économies. Mais selon lui, désormais, "Même hors période de crise (Covid, grippe, bronchiolite...), l'hôpital n'y arrive plus. C'est un choix politique ! Et c'est aussi une question de sécurité", peste-t-il.
Une délégation a été reçue par la direction du CHU à 10h.
Mise en service d'un PUM "dès que possible"
La directrice du CHU de Montpellier se dit consciente des problèmes de place aux urgences. Elle rappelle que des travaux sont prévus en 2028. Et qu'en 2027, ce sera le pôle gériâtrique qui sera en chantier pour un meilleur accueil des patients âgés.
De plus, elle annonce la mise en service d'un PUM, un service Post Urgences Médicales le plus rapidement possible.
Nous allons ouvrir 15 lits dès que possible pour mettre en place un service Post Urgences Médicales. Il servira à soulager les urgences dans l'orientation et le transferts des patients dans l'hôpital.
Anne Ferrer, directrice du CHU de Montpellier.
"Les cliniques privées ne jouent pas le jeu"
La CGT du CHU de Montpellier a déposé un signalement de "danger grave et imminent", afin d’alerter sur la situation et d’ouvrir le dialogue avec la direction. Une déclaration cosignée de manière inédite par une dizaine de médecins.
Pierre Renard, délégué syndical CGT du CHU de Montpellier affirme que les délais d’attente en ce mois de janvier, aux urgences, peuvent atteindre jusqu’à 12 voire 18 heures, alors que le pic de l’épidémie de grippe n’est pas encore atteint.
Il dénonce aussi le manque de coopération des cliniques privées qui parfois renvoient leurs patients vers le CHU et il en appelle à l’Agence Régionale de Santé (ARS Occitanie). "Les cliniques privées ont de la place, elles ont des urgences, elles ont un financement public pour ces urgences donc que ces établissements reprennent leurs patients. Qu'ils aident l'hôpital public" demande Pierre Renard.
Faux rétorque Lamine Gharbi, le président de la Fédération de l'Hospitalisation Privée.
Les cliniques privées prennent autant d’urgences que le CHU, chiffres à l’appui pour 2023. Ce qui peut arriver, c’est qu'un établissement n'ait plus de places. Dans ce cas, il refuse de prendre le patient, ce que le CHU ne fait pas.
Lamine Gharbi, président de la Fédération de l'Hospitalisation Privée (FHP).
Le CHU de Nîmes est aussi en tension. Il a déclenché le plus haut niveau de son plan "hôpital en tension", la semaine dernière.