Pendant un an, deux étudiantes ont vécu dans un appartement hyperconnecté, à l'initiative d'une étude scientifique. Le but : analyser leur comportement pour permettre de mieux imaginer l'appartement du futur. Ce vendredi, les premiers résultats de ces recherches ont été présentés.
À quoi ressemblera l'appartement du futur ? Pour répondre à cette question, une expérience scientifique du nom de HUT (HUman at home projecT) est menée depuis un an dans un logement hyperconnecté où vivent deux étudiantes à Montpellier.
À l'intérieur sont installés des centaines de capteurs qui analysent l'air, les consommations, les déplacements, entre autres, des habitantes. Des centaines de milliers de données qui sont analysées par un consortium de 13 laboratoires universitaires de recherches, des industriels et des institutionnels.
Leur objectif ; mieux définir les conditions de notre bien-être dans notre logement, notamment en étudiant les effets qu'on les nouvelles technologies sur nous. Ce vendredi 4 octobre, à la Halle Tropisme, les premiers résultats de ces recherches ont été présentés.
Et ces données, une fois analysées, en disent beaucoup plus sur nous que nous pourrions l'imaginer. Nos seuls déplacements, par exemple, en disent déjà énormément sur nous.
L'appartement n'est visible que sous forme d'image de synthèse ; le lieu est ultra secret. Les deux volontaires ont accepté d'y vivre pendant 3 ans en totale transparence. Les occupantes ont peu à peu "oublié" cette surveillance et les flots de données qu'ellent génèrent.La personnalité, l'état psychologique, la motivation, tout ça se diffuse dans la physiologie, la contraction musculaire, le comportement... Donc on arrive à identifier ces états mentaux, ces états psychologiques dans la façon dont on bouge.
- Benoit Bardy, directeur d'EUROMOUV
Leurs déplacements dans l'appartement ont montré qu'elles privilégiaient certaines parties des pièces à d'autres, ce qui intéresse les architectes, qui peuvent réfléchir à un meilleur aménagement de l'espace.
Ces données ont été croisées avec les ressentis des habitantes, afin de comprendre "les usages, voir ce qui est utile, souhaitable et ce qui ne l'est pas humainement dans l'appartement du futur", explique Alain Foucaran, directeur de l'Institut d'électronique et des systèmes de l'Université de Montpellier.On a travaillé avec les collègues économistes, scientifiques, les informaticiens, les architectes... pour savoir quelles sont les données qui les intéressent, et en fonction, quelle peut être la valorisation de cette expérience. On anticipe les usages.
- Malo Depincé, coordinateur du projet HUT
Des informations très protégée, afin de respecter leur vie privée. L'autre but de cette expérience, poursuit Alain Foucaran, est de comprendre le niveau d'atteinte à la vie privée des nouvelles technologies, et trouver des mesures juridiques efficaces de protection des données personnelles.
Aujourd'hui, les GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft) sont les seuls à traiter des milliards de données personnelles. Un pouvoir exorbitant, orienté vers la recherche de bénéfices. Ici, on prend le contre-pied.
Les chercheurs et partenaires privés envisagent déjà l'étape suivante ; l'immeuble connecté.Il faut basculer dans une autre dimension ; au lieu d'avoir une innovation toujours tournée vers l'économie, c'est une innovation tournée vers l'être humain.
- Alain Foucaran, directeur de l'IES de Montpellier