11 témoignages d'enseignants, de parents d'élèves et de personnels de l'école font état de comportements agressifs et violents de la part de la directrice, accusée d'injures et d'avoir eu la main leste sur des tout-petits.
Cette phrase aurait été prononcée par la directrice de l'école bilingue Chengdu à Montpellier devant une mère d'élève. Après l'Ecole privée Eridan, c'est dans cette école publique que des actes de maltraitance auraient été commis."Ce n'est pas un trou-duc de trois ans qui va faire sa loi !"
Insultes, violences verbales et physiques. Si les témoins disent avoir mis du temps à parler de peur de représailles sur leurs enfants, 11 témoignages sont finalement parvenus à l'inspection académique au mois de janvier pour dénoncer les agissements supposés de la directrice de l'établissement.
► Reportage de Laurent Beaumel, François Jobard, Sauveur Vanni et Florence Paul-Paslier :
Seuls
Pour beaucoup d'enfants, "la maîtresse crie trop souvent", à tel point que certains ne veulent plus aller à l'école les jours où elle fait classe. Une maman que nous avons rencontré a été témoin de "cris" et de "hurlement" de la part de la maîtresse, le jour de la première rentrée de son enfant de 3 ans. Elle aurait aussi laissé seuls des enfants placés sous sa responsabilité.
Bleus
Des parents racontent que leur petit garçon est rentré un soir de l'école couvert de bleus au niveau des bras et des épaules, à tel point qu'ils ont fait constater les traces par un médecin.Plusieurs familles rapportent aussi qu'en rentrant chez eux, les enfants reproduisent couramment des scènes de fessées avec leurs poupées, en expliquant ensuite que "c'est comme ça que fait la maîtresse".
Elève attaché
Plus grave encore, une enseignante dit avoir vu la directrice secouer ses élèves, en agripper un violemment, avant de lui "mettre une dizaine de claques".Le même témoin raconte l'avoir vue se rendre dans la réserve de matériel, ressortir avec une corde pour lui attacher les bras le long du corps.
Dans le noir
Un autre élève aurait été enfermé seul dans le noir dans le dortoir parce qu'il pleurait.Plusieurs parents et enfants rapportent également que la directrice menaçait régulièrement les élèves de petite section de leur confisquer leur doudou ou leur tétine s'ils refusaient de lui obéir.
L'académie "prend l'affaire au sérieux"
Le dossier de 30 pages de témoignages de parents et d'enseignants a été transmis par le Syndicat Sud éducation à l'inspection académique en janvier, après en avoir pris connaissance. Les faits remontent pour les plus anciens à 2014 et se seraient produits jusqu'en 2018.Son co-secrétaire départemental Georges Bouby, pointe "la responsabilité de l’administration, qui n’a pas pris la mesure de la situation, et/ou qui cherchait peut-être à étouffer l'affaire."
La direction départementale des services de l'Education Nationale, a notamment répondu aux messages d’alertes, selon le syndicaliste, par des "pressions hiérarchiques" avec "rappel du devoir de réserve".
Le syndicat Sud a réclamé une enquête des services d'hygiène et de santé du département. Rencontré, Christophe Mony, inspecteur de l'Académie, dit "prendre l'affaire très au sérieux".
La directrice de l'école Chengdu est depuis le mois de janvier en arrêt maladie. Proche de la retraite, elle ne reprendra pas son poste. L'école était présentée jusqu'à présent comme la vitrine éducative de Montpellier.Nous sommes dans une situation où nous réceptionnons des informations qui ne vont pas toutes dans le même sens, et avant de prendre une décision, il faut éclaircir la situation, le plus rapidement possible bien évidemment.
La réponse du rectorat
La direction départementale de l'éducation nationale nous répond :"Alors qu’en 2014, la direction des services départementaux de l'éducation nationale (DSDEN) de l’Hérault était alertée sur des difficultés au sein de l’école Chengdu, on note que la situation s’est apaisée jusqu’en 2018.
Ainsi, fin 2018, un courrier transmis à la DSDEN de l’Hérault par des personnels de l'école a à nouveau retenu l’attention de l’Inspection académique, citant des faits remontant à 2013.
Dès le mois de décembre 2018, cette affaire a été prise en charge et suivie par l'inspectrice de l'éducation nationale (IEN) de la circonscription qui a reçu l'ensemble des personnes concernées afin de déterminer si des enfants scolarisés au sein de l'école étaient exposés à un quelconque danger.
Ce dossier est par ailleurs suivi par les conseillers pédagogiques et les psychologues scolaires du secteur qui se rendent très régulièrement sur place.
Ce dossier est pris très au sérieux par la DSDEN de l'Hérault et continuera à être scrupuleusement suivi en fonction de l'évolution de la situation.