Deux écoles pour les enfants de réfugiés détruites
Il a participé à la création de deux écoles au sein du camp. La première était portée par Tolou, une association qui offrait une scolarité à près de 600 enfants. La seconde était à l’initiative de réfugiés afghans. “ 2600 enfants venaient apprendre dans cette école. Je les ai soutenus autant que j’ai pu, on a fait venir des livres, des stylos, des cahiers, et même des ventilateurs ” indique Maurice Joyeux. “L'école était faite par groupes d’une vingtaine de jeunes, sous des bâches. Ca rythmait la vie des enfants et des familles. On appelait des profs qu’on pouvait même commencer à rémunérer ”, ajoute-t-il.
Classe d'une école du camp de réfugiés de Moria avant l'incendie.
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© Maurice Joyeux
Mais tout cela est parti en fumée. Dans la nuit de mardi à mercredi, un important incendie a ravagé la majeure partie du camp, sous le regard impuissant des ONG.
#Moria : « Nous avons vu le feu se propager dans le camp et faire rage toute la nuit. L'endroit était englouti par les flammes. Les enfants ont peur et les parents sont sous le choc. Nous travaillons maintenant pour répondre à leurs besoins. » Marco Sandrone, #MSF pic.twitter.com/LL67QqqP60
— MSF France (@MSF_france) September 9, 2020
“Tous ces efforts sont détruits pour toujours, on est reparti à zéro. Tous les lieux de gestion juridique, des papiers, des documents, tous ça a été brûlé”,
Le prêtre n’était pas sur les lieux lors des incendies, il a quitté le camp le 30 août dernier. “C’est au lendemain de la nuit de la catastrophe que les deux écoles que nous avions créées ont été incendiées. Et ce n'est certainement pas par les mains de réfugiés", précise-t-il.
On prend des risques avec les milices nationalistes qui agissent, intimident, font peur aux réfugiés et aux acteurs humanitaires.
Refus des réfugiés et des ONG
“Il y a une immense fatigue des habitants de Lesbos, de la haine même. On prend des risques avec les milices nationalistes qui agissent, intimident, font peur aux réfugiés et aux acteurs humanitaires. Il y a une sorte d’anti-ONG qui s’est installée, parce que pour eux, ça fait trop longtemps que ça dure. Ils n’en peuvent plus de devoir assumer localement des choses impossibles. C’est un peu comme ce qui s’est passé à Calais, en France ”, déplore le prêtre.“Le camp est foutu, il ne faut pas en reconstruire un autre. La politique des “hotspot” comme celui-ci ne tient pas la route. Elle est violente et ingérable” souligne Maurice joyeux.
Aujourd’hui, les presque 13 000 réfugiés ont quitté les restes du camp le plus sordide d’Europe et sont bloqués par les policiers sur les 8 kilomètres qui séparent le sinistre du port de Mytilène. Avec l’état d’urgence décrété par le gouvernement central à Athènes, l’accès aux réfugiés est difficile. Les petites ONG encore sur place ont du mal à acheminer eau et nourriture.
On essaie de se bagarrer pour bricoler de l’aide.
Appel à la solidarité
Il est urgent que la solidarité s’organise, “Il y a de nombreux paquebots de croisière disponibles en raison de la crise sanitaire. Il en faut peu pour évacuer ces personnes qui sont désormais dépourvues de tout. À nous, Européens, de les accueillir ” déclare le père Joyeux.Le ministre allemand des Affaires étrangères a réclamé mercredi des pays de l'Union européenne qu'ils prennent en charge des migrants en raison de la « catastrophe humanitaire » provoquée par l'incendie du camp de Moria, sur l'île grecque de Lesbos.
Maurice Joyeux continuera longtemps encore à collaborer avec les aides humanitaires, tant que l’Europe n’arrivera pas à coordonner sa politique migratoire et à traiter dignement ceux qui frappent à ses portes.