Six associations se sont portées parties civiles suite à la mort d'un aigle royal. Ce dernier avait percuté la pale d'une éolienne, dans les Hauts Cantons de l'Hérault, en 2023.. Mardi 22 février 2025, au procès, le procureur a requis des peines exemplaires contre la société.
C'est un procès rarissime. Un procès pour faire toute la lumière sur la mort... d'un aigle royal, dont la dépouille avait été découverte sous les pales d'une éolienne à Lunas (Hérault), le 10 janvier 2023. Deux ans plus tard, les six associations qui se sont portées partie civile se sont retrouvées au tribunal, ce mercredi 22 janvier 2025. Elles accusent la société Énergie renouvelable du Languedoc, gérant le parc éolien, d'avoir pris le risque de tuer les aigles.
Chronique d'une mort annoncée pour les parties civiles
"C'est le mâle de l'unique couple qui est mort, dénonce Marjolaine Villey-Migraine du Collectif 34, l'une des associations parties civiles. Il y a des choses qu'il ne faut pas faire comme installer des éoliennes sur les crêtes des montagnes là où il y a des espèces protégées."
La dangerosité de la zone de construction est l'un des leitmotivs des associations et leur avocat. Une information que la société ne pouvait ignorer, selon eux. "Nous leur reprochons d'avoir bâti ce parc alors qu'ils étaient parfaitement informés de la biodiversité, de la présence d'aigle royal et du fait qu'ils n'auraient jamais dû le construire sur cette zone naturelle protégée dans un parc naturel régional", résume Nicolas Gallon, l'avocat des associations VPPN, sites et monuments. Il dénonce l'absence de système d'effarouchement, l'insuffisance d'études d'impact, l'absence de demande dérogation de l'espèce protégée.
La société défend son système de sécurité
La défense, de son côté, tente de prouver le travail du système de détection des éoliennes, qui a quasiment mis les pales de l'engin à l'arrêt, avec une rotation de trois tours par minute. Insuffisant pour éviter la collision avec l'aigle, lancé à 50 km/heure.
"Ce sont des systèmes d'arrêt des machines à détection d'une certaine distance, explique Philippe Bouchez El Ghozi. Ça a fonctionné. Simplement, cet aigle est rentré dans une éolienne qui était à l'arrêt. Il ne suffit pas, pour qu'il y ait infraction, que l'aigle soit mort. Il faut prouver que l'aigle est mort parce qu'il y a eu des négligences ou une insuffisance des systèmes."
Le Procureur demande des sanctions exemplaires
Au terme de quatre heures d'audience, la peine maximale a été requise contre la société : 750 000 euros d'amende (dont 500 000 assortis de sursis), d'une part. Mais surtout une suspension d'activité avec exécution provisoire et 150 000 euros d'amende contre le gérant (dont 100 000 avec sursis). La décision a été mise en délibéré au mercredi 19 mars prochain.