Trois jours après l'agression de la principale du collège Marcel Pagnol à Montpellier par une élève, les professeurs et le personnel se sont réunis ce lundi matin en assemblée générale pour décider d'une éventuelle grève. Les parents d'élèves, eux, ont manifesté devant l'entrée de ce collège pour réclamer plus de moyens.
C'est un nouvel acte de violence qui a déclenché cette crise au sein du collège Marcel Pagnol, situé dans un quartier difficile, au sud-ouest de Montpellier. Vendredi 31 janvier, en début d'après-midi, la principale de cet établissement scolaire a été agressée par une élève de 14 ans.
La principale, ayant découvert des cigarettes dans le sac à main de la collégienne, lui avait confisqué. L'élève s'était présentée quelque temps plus tard dans son bureau pour exiger qu'on lui rende son sac.
Elle avait alors porté un coup de poing au visage de la principale et lui avait tiré le bras avant de quitter le collège, selon le parquet de Montpellier.
Une cinquantaine d’élèves se sont rassemblés, ce lundi matin, devant leur collège, totalement fermé. Cette agression était dans toutes les conversations : "c’est choquant, une collégienne qui frappe une principale" affirmait une jeune fille au visage caché, devant notre caméra.
Les professeurs et le personnel du collège, eux, se sont réunis ce lundi matin en assemblée générale, en présence du directeur académique des services de l'Éducation nationale (DASEN), pour décider d'un éventuel mouvement de grève.
Des enseignants fatigués qui alertent sur leur manque de moyens, notamment en ce qui concerne la pénurie de conseillers éducatifs depuis plusieurs années. "Cela fait deux ans que les parents se déplacent, que nous avons des entretiens avec le DASEN en leur disant qu’on n’y arrivera pas. On leur dit qu’il y a des risques de sécurité au travail, mais on n'est pas entendu, je pense que (cette agression), c’était inéluctable" affirme Candice Guillet-Delisle, une professeure de lettres.
Un manque de moyen récurrent
De leur côté, des parents d'élèves, ont bloqué l'entrée du collège pour réclamer plus de moyens afin d'assurer la sécurité de leurs enfants et soutenir la communauté éducative.
Ce n’est pas un événement, c’est une accumulation de choses. A un moment donné, il faut que ça réagisse au-dessus, il faut que le rectorat donne les moyens aux enseignants de travailler dans de bonnes conditions.
Elise Serva, déléguée des parents d'élèves
Le collège Marcel Pagnol, placé en réseau d'éducation prioritaire (REP) souffre depuis plusieurs années d'un manque de personnel chronique et d'un bâti vétuste.
Les professeurs espèrent maintenant un classement du collège en REP plus.
Les postes de CPE devraient être réorganisés rapidement. Les policiers devraient également patrouiller devant l’établissement.
Pour le moment, ils ont fait jouer leur droit de retrait pour la journée de ce lundi 3 février et attendent des propositions concrètes par écrit du rectorat. Ils pourraient éventuellement reprendre le travail mardi, si les conditions nécessaires à la sécurité des élèves sont réunies.
Présentée devant la justice
Quant à la jeune fille de 14 ans qui a violenté la proviseure, elle fait l’objet d’une exclusion à titre conservatoire et doit passer devant un conseil de discipline délocalisé, dans les 10 jours. Soutenue par sa famille, elle avait été interpellée par les forces de l'ordre vendredi soir, après s'être présentée au commissariat.
Cette mineure a été présentée devant la justice samedi 1er février en vue de la saisine d’un juge des enfants. Elle sera jugée le 5 mars 2025, selon le parquet de Montpellier qui précise par communiqué que "le juge des enfants n’a pas suivi les réquisitions du parquet tendant au placement sous contrôle judiciaire de la mineure avec interdiction de fréquenter le collège."
La cheffe d’établissement, qui souffre de douleurs au bras droit notamment, doit bénéficier d’un accompagnement psychologique.
La proviseure a déposé plainte auprès de la justice, tout comme l'Éducation Nationale.