"Tout signal est analysé" : à quoi s'attendre après le premier cas du nouveau variant du virus Mpox en France

Après l'identification d'un premier cas du clade 1B du virus Mpox sur le territoire français, peut-on craindre une propagation de la maladie, à l'image du Covid ? Charlotte Boullé, infectiologue à Montpellier, se veut rassurante, rappelant notamment que le mode de transmission n'est pas le même.

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Voilà de quoi rappeler à beaucoup de mauvais souvenirs. Ce lundi 6 janvier, le ministère de la Santé a indiqué dans un communiqué avoir été informé "d’un premier cas humain de mpox [ex-variole du singe] de clade 1b sur le territoire national".

Si ce nouveau variant du virus Mpox, qu'on appelait auparavant variole du singe, a été identifié au CHU de Rennes en Bretagne, peut-on envisager une propagation de la maladie sur l'ensemble du territoire ? A-t-on tiré des leçons de la gestion de la pandémie du Covid au CHU de Montpellier ? Charlotte Boullé, infectiologue au CHU et à l'Université de Montpellier, a répondu à nos questions sur le sujet.

Un premier cas du nouveau variant vient d'être détecté en Bretagne : quel risque de propagation ?

Charlotte Boullé : Il est important d'être rassurant à ce jour. Pour moi, cette diffusion du nouveau "variant", qu'on appelle en réalité "clade" 1B de Mpox, n’est pas une menace très importante. Il y a eu quelques cas en Suède et en Allemagne, et ensuite il ne s’est quand même pas passé grand chose, il n'y a pas eu de diffusion épidémique. Par contre, je me suis plus tenue au courant de la situation en République Démocratique du Congo (RDC), parce que c’est vraiment là-bas que le virus fait des dégâts colossaux, malgré les vaccins mis à disposition par l’aide internationale.

Il n'y a rien de très inquiétant pour la population générale, d’autant que la maladie est souvent bénigne.

Charlotte Boullé, infectiologue au CHU de Montpellier

Ça peut faire peur aux gens de voir qu’il y a entre 3% et 10% de mortalité chez les personnes contaminées, mais on parle d’une mortalité, ou plutôt d'une létalité, chez des personnes qui vivent en RDC, où l’accès aux soins est compliqué, avec peu de structures médicales. Pour les tous petits enfants qui sont éloignés d’un système de santé, les complications sont logiquement plus graves.

Donc ce n'est pas du tout extrapolable en France métropolitaine. Pour moi, il n’y a pas du tout de risque épidémique à l’heure actuelle, d'autant plus qu'il existe des moyens de prévention, comme la vaccination post-exposition.

Pour le Covid, le risque de diffusion était aussi jugé minime... quelle différence y a-t-il avec le Mpox ?

Charlotte Boullé : On était déjà beaucoup de scientifiques à avoir des doutes raisonnables sur le Covid à l'époque. Mais là, la différence, c'est que c'est l'OMS qui recense directement les cas, depuis le début. Il y a certainement une sous-déclaration des cas tout de même, mais plus involontaire qu'autre chose. C'est une population très rurale, souvent très éloignée des structures de santé qui est touchée en RDC, donc il y a des cas que l'on ne connaît pas.

Nous on a commencé à en parler ici parce qu’il y a eu un cas en Suède, puis quelques autres par la suite. Mais en RDC, ça faisait des mois, depuis 2023, qu'il y avait des problèmes. Donc le fait qu’en des mois d’épidémie là-bas, dans des zones rurales encore une fois, il n’y ait toujours pas de diffusion majeure, c’est peu en faveur d'une éclosion soudaine, comme pour le Covid.

L'entrée de l'hôpital Arnaud de Villeneuve de Montpellier, en février 2020. Illustration. © SYLVIE CAMBON / MAXPPP

Mais la plus importante différence avec le Covid est scientifique : le mode de transmission n'est pas le même. Là, on est sur une maladie qui se transmet par contact, par des personnes qui ont des lésions cutanées. C’est donc logiquement plus facile de stopper une transmission inter-humaine quand elle est par voie de contact. Quand c’est par voie respiratoire, ça ne se voit pas, et on ne peut qu'appliquer des gestes barrières.

Comment se prépare-t-on au CHU en cas de nouvelle épidémie, que ce soit le Mpox ou autre chose ?

Charlotte Boullé : Ce n’est pas si simple que ça, parce que ça dépend si on prend en compte le système de santé dans son ensemble ou non. Ici on a des procédures, et on fait en sorte qu’elles soient actualisées au niveau hospitalier, et encore une fois, je ne crois vraiment pas que le Mpox nous pose un problème massif.

Il y a au niveau national des instances qui travaillent d'autant plus maintenant pour qu'on soit prêts en cas de toute émergence. Tout signal est analysé.

Charlotte Boullé, infectiologue au CHU de Montpellier

Mais moi, le Mpox finalement, ce n'est pas mon problème principal, je me demande plus ce qui va se passer si la grippe aviaire arrive, par exemple. Ça, ça m'inquiète beaucoup plus. Est-ce qu'on a un système de santé suffisamment résilient pour absorber un flux de patients ? Est-ce qu’on a des systèmes de partage de l’information et de mise à disposition de ces informations aux épidémiologistes de façon large, pour faciliter les modélisations notamment ? Ça, j'ai plus de doutes.

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