L'adolescente est morte en août 2020 à Montblanc près de Béziers dans l'Hérault après avoir été affamée et enfermée plusieurs mois dans un placard. À sa mort, elle pesait 28 kilos pour 1m55. À partir de lundi, sa mère est jugée pour actes de torture. Elle risque la réclusion criminelle à perpétuité.
C'est une plongée dans l'horreur. L'indicible. L'inconcevable. Le calvaire et la mort d'Amandine. L'adolescente de 13 ans privée de nourriture et de soins est morte de faim, après avoir été enfermée dans un placard, pendant plusieurs mois dans la maison occupée par sa mère, ses frères et sœurs et son beau-père le 06 août 2020 à Montblanc, dans l'Hérault.
28 kilos pour 1m55
Le jour de sa mort, voyant qu'elle était mal en point, la mère et le beau-père d’Amandine auraient tenté de lui faire avaler une compote, puis une boisson hyperprotéinée et un morceau de sucre. Des aliments vomis par la jeune fille qui a ensuite cessé de respirer. À sa mort, elle pesait 28 kilos pour1m55.
"En 32 ans de carrière, je n'ai jamais vu une affaire aussi odieuse. Je n'ai jamais vu ça."
On est horrifiés face aux images de cette jeune fille dénutrie, couverte de plaies infectées qui ont provoqué une septicémie (empoisonnement du sang)".
Luc AbratkiewiczAvocat du père d'Amandine, partie civile
L'avocat pénaliste montpelliérain pourtant habitué aux dossiers criminels les plus sordides est horrifié.
"Amandine était tellement dénutrie qu'à la fin, elle ne pouvait plus bouger, son corps était couvert d'escarres. C'est un film d'horreur. Ça dépasse l'entendement. Comment a-t-on pu faire souffrir un enfant à ce point ? Où est l'humanité ? C'est d'un sadisme innommable. Ils l'ont tuée à petit feu."
Elle est morte dans un cachot.
Me Luc Abratkiewicz, avocat du père d'Amandine, partie civile
Filmée
Le calvaire et l'agonie de la jeune fille ont été filmés par une caméra de surveillance placée dans le cagibi où elle était enfermée nue et affamée. Des images d'horreur dignes des camps de concentration récupérées par les enquêteurs dans le portable du beau-père et la tablette de la mère de l'enfant martyr.
Sandrine Pissara, sa mère, 54 ans, et Jean-Michel Cros, son beau, père doivent être jugés par la cour d'assises de l'Hérault à Montpellier à partir de lundi 20 janvier 2025.
Actes de torture ou de barbarie
La mère d'Amandine, ancienne serveuse reconvertie en "prothésiste ongulaire", est renvoyée devant la cour d’assises pour « actes de torture ou de barbarie ayant entraîné la mort sans intention de la donner » pour avoir notamment "affamé" sa fille entre le début du premier confinement, le 17 mars 2020, et son décès, le 6 août de la même année. Elle encourt la réclusion à perpétuité.
"Manipulatrice" et "violente"
Sandrine Pissara, qui a eu huit enfants est décrite comme "violente, manipulatrice, dépensière et menteuse", selon ses ex-compagnons. Elle est accusée de maltraitances par plusieurs de ses autres enfants. Pour celles qui ont conduit à la mort d'Amandine, elle a toujours nié les faits, se décrivant même comme une mère "aimante" face à une adolescente "voleuse" et "capricieuse" qui avait des troubles alimentaires.
Elle conteste toutes les accusations et les actes de barbarie. Elle s'en expliquera au procès.
Me Jean-Marc Darrigade, avocat de Sandrine PissarraFrance 3 Occitanie
Jean-Michel Cros, son compagnon depuis 2016 sera aussi sur le banc des accusés. Pour avoir "privé de soins ou d’aliments" sa belle-fille et n’avoir rien fait pour la "sauver d’une mort certaine", il risque 30 ans de réclusion.
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Souffre-douleur
L'enquête révèle cependant qu'Amandine a été maltraitée à partir de ses deux ans et demi. Décrite comme "le vilain petit canard" de la famille elle a toujours été le souffre-douleur d'une mère qui n’a pas épargné ses autres enfants mais qui détestait Amandine encore plus à cause de sa ressemblance avec son père. Une détestation que l'accusée aurait, selon les experts, transposée sur la jeune fille.
Vole les goûters dans la poubelle de l'école
Plus tard, sa mère pouvait lui infliger d'interminables punitions d'écriture qui pouvaient durer toute la journée, et la priver de nourriture parfois pendant plusieurs jours. Amandine était réduite au primaire à voler les goûters de ses camarades où ceux qu'elle trouvait dans la poubelle.
Interne au collège peu avant sa mort, une des amies de l'adolescente rapporte qu'à l'internat "elle mangeait pour dix. À la veille du week-end elle pleurait souvent car elle ne voulait pas rentrer chez elle". À partir du 17 mars 2020, date du premier confinement, elle n'est plus allée au collège. Elle n'y est pas retournée à sa réouverture en mai. Elle est morte trois mois plus tard.
Signalements
Les maltraitances contre Amandine avaient fait l'objet de plusieurs signalements et trois saisines du juge des enfants qui n'ont abouti à aucune mesure permettant de protéger l'adolescente. "Quand bien même les process ont été suivis, cela n'a rien empêché.
Il va falloir analyser les process de détection de la maltraitance pour améliorer les choses.
Me Véronique Boulay, avocat de l'Enfant bleu-enfance maltraitée, partie civile
Détecter les conflits de loyauté des enfants envers les parents maltraitants, mettre en place plus de visites des inopinées des services sociaux...", indique Me Véronqiue Boulay pour "L'Enfant Bleu - Enfance Maltraitée", partie civile avec le père d'Amandine, son frère et la sœur de la jeune victime.
Le procès doit débuter ce lundi 20 janvier 2025 devant la cour d'assises de l'Hérault. Le verdit est attendu vendredi 25 janvier 2025.