Selon les endroits de la côte, le chiffre d'affaires réalisé pendant les fêtes oscille entre -30 % et + 10 %. Des résultats hétérogènes qui s'expliquent par différentes crises successives que rencontre le monde ostréicole. Clarification avec le directeur du Comité Régional de la Conchyliculture de Méditerranée.
Fabrice Grillon est directeur du Comité Régional de la Conchyliculture de Mediterrannée. Il dresse pour nous le bilan des ventes d'huîtres aux dernières fêtes de fin d'année, et rappelle que le secteur est englué dans des crises dont il se sort difficilement.
Pourquoi des chiffres aussi disparates ?
F.G : Nous avons des chiffres hétérogènes premièrement parce qu'il n'y a pas d'enquêtes précises qui ont été menées. Ce sont des chiffres remontés de manières empiriques par les éleveurs, ils ne sont pas affinés. Et deuxièmement car l'activité a été inégalement répartie sur le littoral. Certains départements s'en sortent mieux que d'autres, du fait d'une clientèle plus fidèle et plus rassurée à certains endroits par exemple. Voilà comment on arrive à cette fourchette large de -30/+10%. Globalement, le bilan est mitigé pour nous.
Pourquoi l'activité peine à redémarrer depuis la crise sanitaire des huîtres en 2022 ?
F.G : Depuis le norovirus de 2022 (Ndlr : contamination qui avait touché les huîtres Méditerranéennes), la confiance revient lentement, mais c'est un processus qui peut prendre des années. Et, depuis 2023, nous sommes confrontés à une bactérie : le vitrio-aestuarianus, dont on entend peu parler car il est inoffensif pour l'Homme, mais tue les huîtres une fois qu'elles arrivent à l'âge adulte. Certains producteurs voient leur production largement diminuer depuis deux ans.
Le dérèglement climatique affecte aussi la production ?
F.G : À plus long terme. Mais oui, bien sûr. Dans certains étangs, l'eau douce n'afflue plus en assez grande quantité, du fait de la sécheresse. En résulte une baisse des nutriments présents dans l'eau, et une salinisation différente de l'eau. Par ailleurs, les écosystèmes s'affaiblissent, tout l'équilibre des étangs est parfois perturbé.
Quelles sont les solutions d'avenir ?
F.G : On y réfléchit tous les jours. Certains éleveurs jettent l'éponge, mais les jeunes sont motivés. À court terme, cela peut être une approche commerciale différente, comme miser sur les ventes directes et les dégustations sur place. Mais il faut en avoir les moyens. À plus long terme, cela peut être repenser notre système d'élevage. Par exemple, élever les huîtres dans les étangs l'hiver, et les faire "transhumer" vers la mer l'été, pour éviter les complications que l'on connaît dans les étangs. Mais là encore, il faut en avoir les moyens. Et forcément, les huîtres auraient un goût différent...