Le nombre de bateaux de croisière ayant fait escale à Sète cette année a atteint un nombre record : déjà 78, cinq fois plus qu’en 2010. Si cela représente une manne touristique, c’est aussi une énorme source de pollution.
Ils sont aussi gros qu’ils sont polluants, et ils sont de plus en plus nombreux à défiler dans le port de Sète. Avec leurs milliers de passagers, les bateaux de croisière sont de véritables villes flottantes, qui s’installent à quai le temps d’une escale. Si la présence de ces géants des mers est une bénédiction d’un point de vue économique, il en va tout autrement d’un point de vue environnemental et sanitaire. Selon une étude récente de l’ONG Transport& Environnement, 200 navires polluent plus que 260 millions de voitures.
Dans le cadre d’une campagne de sensibilisation l’association France Nature Environnement a réalisé des mesures de qualité de l’air sur l’Île singulière, grâce à un capteur à particules ultra fines. Celui-ci s’emballe lorsque les paquebots font des manœuvres, consommant et polluant donc davantage, et lorsque le vent ramène la pollution sur la ville. La ville, et ses habitants, souligne Charlotte Lepitre, de l’association :
Ces particules-là sont tellement petites qu’elles peuvent traverser les barrières sanguines et aller s’accumuler dans les organes vitaux et provoquer des maladies neurodégénératives comme Parkinson ou Alzheimer.
Bornes électriques
L'association propose de contraindre les armateurs à changer leur carburant. Paquebot, ferry et cargots utilisent encore en Méditerranée le fioul le plus polluant, le fioul lourd. Autre proposition. : des bornes électriques à quai pour couper les moteurs. Mais pour la direction du port, cela va demander un gros investissement. "Sur les navires de croisière qui dépassent les 200 mètres et qu’on reçoit à l’intérieur du port, se pose les questions de puissance électriques, explique Olivier Carmes, directeur général du port de Sète Sud de France. Pour aller sur des très grandes puissances, on aurait besoin d’aller chercher le réseau national, qui est à peu près à 15 kilomètres, et donc on est sur une enveloppe de 20 millions d’euros pour les brancher à quai."
Il ajoute qu’une réflexion est en cours à propos d’un système "de barges branchement hydrogène", et qu’il s’agit désormais d’une "question de temps".
Le temps, justement, n’est pas à perdre : à l'horizon 2023, 220.000 croisiéristes feront escales à Sète, quasiment le double d'aujourd'hui.