C'est un rendez-vous traditionnel des élus locaux. Les cérémonies des vœux, représentent une rencontre de proximité avec les habitants d'un territoire. Mais cette année, des élus renoncent par souci d'économies mais pas seulement dans un contexte politique et budgétaire incertain. C'est le cas dans le Lot et le Tarn.
Un moment de fête. L'occasion de dresser le bilan des réalisations de l'année passée, de fixer les objectifs et les ambitions de l'année qui s'ouvre. Les cérémonies de vœux constituent un rendez-vous traditionnel pour les municipalités ou les départements. Mais cette année, le cœur n'est pas à la fête. Des élus renoncent un peu partout en France.
Refus de jouer les Cassandre
C'est le cas notamment dans le Lot. Le président du département a fait savoir que la cérémonie des vœux n'aurait pas lieu cette année et pas pour des raisons économiques. Un renoncement en forme de coup de gueule pour Serge Rigal, le président PS du département du Lot.
"C'est la première fois en dehors de la période covid, qu'il n'y aura pas de cérémonie. Je ne veux pas être le porteur de mauvaises nouvelles dont je ne suis pas responsable !", explique Serge Rigal le président du Conseil départemental du Lot. Selon lui, "Monsieur Barnier a manqué de courage. Il a pris les départements en otages. 60% de nos dépenses sont liées à la solidarité envers les plus démunis, les plus fragiles. Demander de couper dans ces dépenses, c'est toucher à nos parents, nos grands-parents, nos voisins dont certains sont handicapés, nos enfants".
Cette décision, il l'a rendue publique sur les réseaux sociaux afin de sensibiliser la population de son département à cette réalité. "Ça a été très suivi. Je veux que les gens comprennent. Il faut arrêter de croire qu'on touche à notre train de vie. Je veux leur dire, c'est vous qui allez être touchés. Je crois que le message est passé !"
Certes, le gouvernement Barnier a été renversé. Mais la nomination de François Bayrou, ne suscite pas d'espoir chez l'élu du Lot.
"Je sais qu'il vient de Pau, c'est pas loin de Lourdes...Il fait peut-être des miracles. On verra !"
Serge Rigal, président du Conseil départemental du Lot
"Un cri d'alarme"
Même décision du côté du département voisin du Tarn. Christophe Ramond, président PS du département, a fait connaître sa décision via les réseaux sociaux. "J'ai décidé d'annuler la cérémonie des vœux cette année", annonce-t-il.
Annulation de la cérémonie des vœux du Département
— Christophe Ramond (@ramond_christ) December 11, 2024
Le Conseil départemental du Tarn n'organisera pas de cérémonie de vœux pour le passage à la nouvelle année 2025.
Dans ce contexte d'incertitude budgétaire qui frappe toutes les collectivités, et alors que des efforts financiers… pic.twitter.com/zivXh0butX
Une décision prise à contre cœur, mais cohérente selon lui dans "un contexte d'incertitude budgétaire qui frappe toutes les collectivités". Une décision symbolique pour le président du Conseil départemental du Tarn.
"Une cérémonie des vœux, c'est un moment important pour rendre hommage aux forces vives d'un territoire, aux bénévoles aussi."
Décider d'annuler la cérémonie des voeux, c'est une décision symbolique, c'est un cri d'alarme."
Christophe Ramond, Président PS du Conseil départemental du Tarn
Symbolique financièrement, ce rendez-vous représentait une dépense de 10 000 euros sur un budget global de 561 millions d'euros. Symbolique aussi, pour marquer un mécontentement.
Une atteinte à la proximité
Pour lui, les efforts demandés aux départements vont porter atteinte à l'équilibre du territoire. "Demander aux départements de faire encore des efforts, c'est toucher à l'entretien des routes par exemple. Et puis on doit aussi être présent auprès des associations culturelles et sportives. C'est important dans nos territoires. Moi, j'ai peur qu'on finisse par avoir une France à deux vitesses. Celle des métropoles qui vont pouvoir continuer à se développer. Celle des territoires qui risque d'être moins attractive".
Pour Christophe Ramond, les collectivités locales jouent un rôle de cohésion, de proximité qu'il serait dangereux de réduire. "On entend la colère, la montée du RN, on y est confronté. Nous, on se bat pour le maintien des services publics sur nos territoires. Il faut retrouver un contrat de confiance avec l'Etat", estime le président du département du Tarn.
Par cette décision toute symbolique, l'élu espère être entendu des citoyens mais aussi du futur gouvernement.