Le géant de l'acier ArcelorMittal perçoit, depuis juin, un changement de l'état d'esprit de ses clients européens qui se traduit par une tendance des prix à la hausse de 30 à 40 euros par tonne, même si la demande reste stable pour l'instant.
"Depuis les mois de juin-juillet, nous sentons très clairement en France et en Europe une évolution de l'état d'esprit sur le marché au niveau de nos clients, qui sont plus optimistes", a expliqué jeudi Alain Le Grix, patron de la division Distribution d'ArcelorMittal, lors d'une rencontre avec la presse.
"Du fait de ce changement d'état d'esprit, nous percevons une meilleure tendance chez les clients, même si la demande industrielle reste stable" en Europe, où elle a chuté de 30% depuis le début de la crise, a-t-il ajouté.
L'optimisme perçu chez les clients se traduit par une hausse des prix de l'acier depuis la rentrée.
"Dans les aciers plats et dans les aciers longs au carbone, nous constatons aujourd'hui un mouvement de hausse des prix en Europe, avec une tendance d'évolution des prix de 30 à 40 euros à l'heure actuelle", a indiqué M. Le Grix.
Le site Saint-Chély-d'Apcher en Lozère
ArcelorMittal, qui compte 20.000 employés en France, va inaugurer la semaine prochaine sur son site de Saint-Chély-d'Apcher en Lozère, une nouvelle ligne de production d'acier destiné principalement au marché automobile et dans laquelle il a investi 90 millions d'euros.
L'usine produit de l'acier à grain non orienté pour les moteurs électriques. Elle emploie 200 salariés. C'est la seule entreprise d'ArcelorMittal en Europe, à fabriquer ce produit.
"La France est un pays clef pour ArcelorMittal", a assuré M. Bourrier, qui a précisé que le groupe avait réalisé dans ce pays un chiffre d'affaires de 10,5 milliards d'euros l'an dernier, soit 16,5% de son activité totale.
Le PDG d'ArcelorMittal France, Hervé Bourrier, a d'ailleurs saisi l'occasion pour affirmer que les cinq hauts-fourneaux du groupe, situés à Dunkerque (Nord) et Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), "travaillent actuellement à pleine capacité", principalement pour l'exportation.
"90% de notre production de Fos-sur-Mer est exportée", a souligné Joao Felix da Silva, directeur d'ArcelorMittal Méditerranée.
Pour M. Bourrier, cette production à plein régime des hauts-fourneaux "stratégiques" d'ArcelorMittal confirme que le groupe "tient ses engagements" après la fermeture de ceux de Florange (Moselle) à la fin avril.
A ce propos, le PDG a souligné que le groupe "avait déjà engagé" sur le site lorrain 93 millions d'euros d'investissements sur les 180 prévus dans l'accord passé avec le gouvernement il y a pratiquement une année.
Le site de Florange a été l'objet d'une longue bataille à l'automne dernier entre le gouvernement et le géant de l'acier. Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, avait d'ailleurs brandi la menace d'une nationalisation.
Interrogé sur un déplacement éventuel du président François Hollande à Florange, le patron de la division Atlantique Lorraine, Henri-Pierre Orsoni, a répondu que "tout visiteur sur le site sera le bienvenu".
En juillet, ArcelorMittal a publié des résultats décevants au premier semestre, avec des pertes de 1,12 milliard de dollars qui l'ont contraint à revoir ses objectifs annuels à la baisse.