Depuis quelques années, une vraie filière de la truffe se développe en Lozère. Une belle histoire de reconquête de terres agricoles qui furent abandonnées après la Seconde Guerre mondiale et qui reprennent vie progressivement grâce à la culture du fameux diamant noir.
Malgré la lumière terne de janvier, le vert émeraude des eaux du Tarn se diffuse dans les Gorges. La saison n’est pas la plus propice pour profiter des lieux, mais le spectacle reste unique et réserve quelques bonnes surprises. Çà et là, à flanc de falaises, on distingue des zones cultivées et des arbres qui donnent leurs fruits au cœur de l’hiver ou plutôt, leurs champignons.
"Là, elle serait là, ah la voilà !", se félicite le trufficulteur en caressant son chien.
800 arbres plantés et 10 ans plus tard...
Didier Perségol est trufficulteur et fait partie des pionniers en Lozère. Il a défriché, labouré, et planté 800 arbustes mycorhizés, sur une parcelle de 2 hectares, il y a une dizaine d’années. Et aujourd’hui, ce travail paye : "J'espère beaucoup de cette plantation et c'est vrai que l'on a une dizaine d'arbres qui ont ouvert, c’est-à-dire qui ont fait leurs premières truffes".
Chaque fois, même pour un trufficulteur comme moi qui a planté ses premiers arbres il y a plus de 30 ans, c'est toujours un plaisir !
Didier Perségol, Président syndicat des trufficulteurs Lozèriens
Des truffières en pleine poussée
Une satisfaction partagée par de plus en plus de Lozériens. Depuis une trentaine d’années, les truffières poussent presque comme des champignons dans tout le sud-ouest calcaire du département : " C'est de la petite trufficulture qui est laborieuse parce qu'on a des terrains très pentus et on travaille tout à la main. Nous sommes presque 120 adhérents du syndicat des trufficulteurs. On sent que depuis quelques années, il y a un regain d'intérêt. On est plutôt dans une voie ascendante" constate Jean Yves Magaud, technicien forestier syndicat des trufficulteurs Lozériens.
Ramener la vie dans les bancels
Avec une conséquence inattendue : la renaissance de paysages presque oubliés. Après la deuxième guerre mondiale, les vignes qui poussaient partout à flanc des Gorges ont été abandonnées. Avec l’arrivée des truffières, les bancels, ces terrasses typiques de plantations, reprennent vie et le pays avec : "Cela fait plaisir de voir que l'on peut, par notre passion, remettre ces différentes parcelles en vie, remettre ces murettes que l'on ne voyait plus, remettre en valeur tout ce patrimoine et en même temps avoir le plaisir de produire des truffes" conclut Didier Perségol.
Un plaisir à partager avec les trufficulteurs du département le 2 février prochain à La Canourgue pour la 16e fête de la truffe de la Lozère.
Écrit avec Sébastien Banus.