Procès de la "démembreuse" de Toulouse : "Ma femme n'est pas un monstre"

Au troisième jour du procès de Sophie Masala, jugée pour avoir tué et démembré sa collègue Maryline Planche, en 2016 à Toulouse, la cour d'assises de la Haute-Garonne a entendu le mari de l'accusée qui ne comprend toujours pas ce qui s'est passé.

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Gianluca Masala fait son entrée dans la salle du tribunal d'un pas assuré. Il s'installe à la barre. Sa femme est à sa gauche, assise dans le box des accusés. Ses enfants derrière lui, au premier rang. A ses premiers mots, on comprend qu'il n'est pas homme à se laisser déstabiliser.
 Invité à s'exprimer sur l'affaire avant le temps des questions, comme le veut l'usage, Gianluca Masala, âgé de 57 ans, déclare d'une voix haute et nette : "Ma femme n'est pas un monstre. Elle n'a jamais été un monstre".

Il évoque leur parcours "difficile" et les épreuves surmontées. "Là, c'est la boîte de Pandore qu'on a ouverte. C'est inimaginable. Cela ne correspond pas du tout à sa personnalité. Un véritable choc..."

Le président Michel Huyette l'interroge sur les détournements d'argent au sein de la faculté de médecine de Montpellier pour lesquels Sophie Masala a été condamnée en 2010. Gianluca Masala travaille lui-même à l'université, en tant que concierge à l'époque. "Je n'étais pas au courant des détournements. Elle a fait ça, je crois, à cause d'une histoire de dettes. [Sophie Masala avait pris un crédit à la consommation : avec les intérêts, la somme dûe s'élevait à 200 000 euros, NDLR]. Mais les explications m'importent peu. Je voulais sauver notre famille. On n'était pas riche du tout, juste ce qu'il fallait pour vivre à quatre". 

Qu'a-t-il à dire sur le fait que Sophie Masala s'est prostituée ? Sa femme en effet a décidé de se livrer à des relations sexuelles tarifées pour éponger ses dettes. Elle doit rembourser l'université. "Sophie m'a mis devant le fait accompli. Elle a dit que c'était le seul moyen d'éponger les dettes rapidement. Elle a eu un courage énorme. Cela va peut-être vous choquer mais je ne peux pas lui en vouloir. Mais ça m'a détruit."
Et la caméra installée dans le studio loué par le couple à Carnon, près de Montpellier, pour abriter ce "commerce" ? "J'avais un oeil sur tout ça car j'avais peur pour elle". "Ce n'est pas banal", glisse le président de la cour d'assises. Gianluca Masala répond du tac au tac : "Ce n'est pas banal, monsieur le président, c'est destructeur". 
 Gianluca Masala, dans le cadre du meurtre de Maryline Planche, est entendu une première fois par les enquêteurs le 26 mai 2019. Il parle de sidération. "Quand les enquêteurs sont venus, j'ai cru à une blague, une genre de caméra cachée. Je n'ai pas pu croire qu'elle avait fait ça."

Tout s'effondrait tout à coup. Cela a été inimaginable. Je suis content d'être devant vous pour le dire. Je suis mort ce jour-là

Mais que savait-il de la vie de sa femme à Toulouse, alors qu'elle avait accepté ce CDI à l'Agefiph de Toulouse, quittant ainsi sa famille restée à Montpellier ? Elle se plaignait de la charge de travail, d'une ambiance tendue et d'une collègue. Mais en réalité, Gianluca Masala ne se souvient pas bien car de son propre aveu, quand Sophie rentrait pour le week-end, il était lui-même fatigué et ne l'écoutait que d'une oreille. Le président lui rappelle quand même que lors de ses auditions devant les enquêteurs et le juge d'instruction, il s'est souvenu qu'elle [Sophie Masala] ne comprenait pas "que cette personne soit appréciée de tous ses collègues alors qu'elle faisait mal son travail."

Sophie n'a pas supporté cette injustice

Cette collègue, c'était Maryline Planche. Mais Gianluca Masala ne se souvient pas de ce nom. "J'ai eu un traumatisme, monsieur le Président, j'ai oublié des choses." Mais l'époux de l'accusée reconnaît : "Pour moi, Sophie était troublée et vivait dans le mensonge. Elle avait une double personnalité. Pour elle, le mensonge, c'est un jeu." 
Et justement, Sophie Masala avait dit à son mari de Maryline que celle-ci "s'inventait une vie". Comme un écho à ses propres mensonges.

Sophie a toujours plus ou moins menti ou volé

Des mensonges réguliers, des "choses pas graves", assure-t-il. Mais devant l'insistance du président, il est incapable d'en citer un seul. "On gérait, rien de grave..."

Mais que pense-t-il du fait que sa femme a justifié le vol des tickets restaurants au sein de l'Agefiph de Toulouse comme une manière de se faire licencier. Il tombe des nues. "Qu'elle se fasse virer de son boulot ? Alors que ce CDI nous tirait d'affaire ? Ce n'était pas possible ! Je l'aurais très mal pris."

Le président veut savoir si Gianluca Masala va voir sa femme en prison. La réponse est oui. Gianluca Masala rend visite à Sophie Masala tous les quinze jours. Elle lui parle de sa vie carcérale, il raconte les petits riens du quotidien. 

Je ne veux pas parler de l'affaire. Je n'ai pas envie de la salir, ni de salir mes souvenirs comme ça

"J'aime ma femme", dit enfin Gianluca Masala, au bord des larmes. "C'est une personne très courageuse. Elle a admirablement élevé nos enfants."
 
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