Adoptions en hausse mais abandons aussi. Les refuges pour animaux sont au bord de l'implosion dans les Pyrénées-Orientales. Nous sommes allés rendre visite aux pensionnaires du refuge "Un gîte, une gamelle" à Rivesaltes. L'occasion de faire le bilan de 2024 de ce refuge qui s'apprête à déménager dans de magnifiques locaux 4 étoiles à Pollestres.
Difficile de ne pas craquer devant le regard tout doux de Charlotte et ses beaux yeux vairons. Elle est l'un des quarante-cinq chiens pensionnaires du refuge "Un gîte, une gamelle" à Rivesaltes, au nord de Perpignan.
Charlotte, c'est une chienne qu'on a récupérée à la fourrière au mois d'août. Elle a sept ans. Elle est gentille et sociable avec tous les autres chiens mais pas les chats. C'est une grande joueuse qui aime les promenades assez physiques.
Lisa Pons, salariée du refuge "Un gîte, une gamelle"
Entourée de la jeune Ayuna, six mois, et d'une femelle beauceronne arrivée il y a quelques jours avec ses quatorze chiots, Charlotte attend avec impatience une gentille famille qui voudrait l'adopter. Et des animaux en demande d'un foyer aimant, le refuge en déborde littéralement.
Adoptions en hausse, abandons aussi
Bilan 2024 pour le refuge de Rivesaltes, des adoptions à la hausse, se félicite Corinne la responsable de l'association. Oui mais voilà, comme une augmentation peut en cacher une autre, les abandons aussi se multiplient. De quoi mettre à rude épreuve l'optimisme des équipes qui se relaient chaque jour auprès de nos amis à quatre pattes.
Au niveau des adoptions, on a explosé le record. On est environ à 600, beaucoup plus d'adoptions de chats que de chiens. En revanche, au niveau des abandons, on observe une augmentation de 40% par rapport à 2023, principalement des chiens.
Corinne Legrand, responsable "Un gîte, une gamelle" dans les Pyrénées-orientales
Séparations, déménagements, arrivée d'un enfant, erreur de casting ou acquisition impulsive autant de raisons qui ont amené ici Tia, Koka ou le gentil Bandit, un molosse aux allures de gros chamallow qui ne pense qu'à une seule chose, vous envoyer le ballon pour jouer à n'en plus finir. Et puis au fil des box, on retrouve Tonerre, Rocky, Nico avec leur délit de "sale gueule" auquel ils ne peuvent strictement rien.
Les premières races abandonnées dans les refuges sont les malinois, staff et bully. Ce sont les trois races les plus abandonnées. Les gens n'ont pas conscience de ce qu'est un malinois. Un malinois, c'est sportif. Ce n'est pas un chien à élever en appartement, au troisième étage, à rester toute la journée tout seul ou à dormir sur le balcon.
Corinne Legrand, Responsable du refuge "Un gîte, une gamelle" à Rivesaltes
Des races ciblées qui viennent chaque jour gonfler les effectifs du refuge déjà bien chargé. "Il y a cinq ans, on avait un appel par semaine pour un abandon et maintenant on en est à une dizaine d'appels par jour." confie Corinne presque résignée devant la détresse de ces petits pensionnaires mais toujours attentive et aux petits soins, même quand la tristesse et les maltraitances vous montrent parfois un peu les crocs ou les griffes.
Pas facile non plus d'absorber cette misère pour Bruno, très soucieux de la cause animale. Il est l'un des dix bénévoles réguliers du refuge. Et s'il aime distribuer les caresses sans compter, il s'attelle quotidiennement au nettoyage des box et des espaces de jeux des chiens et des chats. Et qui dit plus d'abandon, dit plus de travail.
Il y a toujours du boulot en plus. Même quand il y a des chiens qui partent, il y en a d'autres qui attendent pour prendre la place. Il y a du boulot en permanence. Ça ne s'arrête jamais, ça se remplit constamment.
Bruno Payet, bénévole du refuge "Un gîte, une gamelle"
Force est de constater que le refuge est effectivement plein à craquer. Et parce qu'on ne peut pas pousser les murs, Corinne Legrand a bataillé pendant des années pour améliorer les conditions d'accueil de sa petite troupe à poils. Après quinze ans passés au milieu des friches à Rivesaltes, un déménagement se prépare. La récompense, comme une petite lueur d'espoir, se situe du côté de Pollestres.
Un refuge XXL de 14.000 m² de terrain. Face à la Gendarmerie et la structure Emmaüs, ce sont des bâtis quatre étoiles avec des box qui s'apparentent presque à de petits appartements et qui attendent l'arrivée des animaux prévue à la fin du mois.
Chaque chien aura un box chauffé grâce à des panneaux votovoltaïques et son propre jardinet. Les chats auront aussi des grands espaces bien isolés avec de grandes baies vitrées.
Corinne Legrand, responsable "Un gîte, une gamelle"
En attendant, l'association fait appel aux bonnes volontés pour donner un coup de main à transporter les affaires dans les nouveaux locaux.