Depuis 30 ans, une association travaille à promouvoir la langue catalane mais ces dix dernières années, l'association est confrontée a une recrudescence des discriminations contre le catalan et ses usagers : + 650%.
Les chiffres recueillis par l'association catalane "Plataforma per la llengua" sont édifiants. Les actes discriminants contre les catalanophones sont en augmentation.
Obligé de parler Espagnol "par respect"
L'association, initialement fondée pour promouvoir le Catalan, a créé un service dédié au traitement des plaintes de femmes et d'hommes, victimes de discrimination parce qu'ils parlent catalan. Exemple, la plainte déposée par un motocycliste. Contrôlé par un agent la Guardia Civil, ce dernier réclame du motocycliste qu'il s'exprime en castillan et non en catalan "par respect".
Le policier oblige le motocycliste à parler en Espagnol, c'est un exemple de discrimination.
Xavier Dengra, membre de l'association Plataforma per la Llengua
+650% de plaintes pour discrimination linguistique en huit ans
Des cas de discriminations comme celui-ci, l'association de Barcelone en reçoit de plus en plus. En huit ans, les plaintes ont augmenté de manière exponentielle, plus 650%. En 2024, 3.000 plaintes ont été enregistrées par la structure qui a créé un service dédié pour recueillir les témoignages sur les différentes discriminations.
Lorsqu'on nous transmet une plainte, nous vérifions sa recevabilité et dans quel cadre juridique elle s'inscrit. Puis, nous accompagnons le plaignant dans ses démarches pour faire valoir ses droits face à l'administration, l'entreprise ou autre.
Marc Biosca, membre de l'association Plataforma per la Llengua
Ces plaintes arrivent de l'ensemble des Pays catalans, les Îles Baléares comprises. Mais c'est à Barcelone que se concentre un tiers des actes déclarés de discrimination.
La majorité des actes se produisent dans l'administration publique, comme la mairie de Barcelone, la Région et les services de l'État. Un des cas qui m'a le plus marqué, c'est celui d'une femme à qui une infirmière a refusé de la perfuser parce qu'lle lui parlait en catalan. L'infirmière a exigé qu'elle lui parle en Espagnol et elle a attendu près de trois heures avant de la parfuser.
Xavier Dengra, membre de l'association Plataforma per la Llengua
“Les discriminacions lingüístiques que rebem són la punta de l’iceberg”
— Plataforma per la Llengua 📢 (@llenguacat) January 16, 2025
Òscar Escuder, president de Plataforma per la Llengua, apunta que és una problemàtica "estructural" 📰https://t.co/uVgTpP1iWf
"La pointe de l'iceberg"
Le président de Plataforma per la Llengua, Òscar Escuder, est intervenu le 15 janvier dernier auprès de la Commission de politique linguistique du Parlement de Catalogne. Objectif : analyser la situation de la langue catalane et inciter les députés à s'engager en faveur du catalan afin de renverser "l'urgence linguistique".
L'occasion également de dénoncer des cas de discrimination linguistique dans les secteurs de la santé, de l'éducation, du travail et de la sécurité. "Les discriminations linguistiques que nous recevons ne sont que la pointe de l'iceberg", a-t-il déclaré, expliquant que beaucoup de gens, lorsqu'ils arrivent dans un commissariat par exemple et qu'on leur demande de parler en espagnol, changent de langue sans défendre leurs droits linguistiques.
Un droit inscrit dans le statut d'autonomie de Catalogne
"Toutes les personnes ont le droit de ne pas être discriminées pour des raisons linguistiques", voici ce qui est inscrit sur le statut d'autonomie de Catalogne depuis 2006. L'article 6 stipule d'ailleurs que la langue propre à la Catalogne est le catalan et qu'en tant que tel, le catalan est considéré comme la langue d'usage normal dans les administrations publiques et les médias publics de Catalogne. Le catalan est également la langue normalement utilisée pour s'exprimer et apprendre dans l’éducation. Un droit mis à mal depuis quelques années. Depuis le référendum pour l'Independance de la Catalogne en 2017, la langue catalane est régulièrement attaquée en justice notamment pour limiter son enseignement à l'école.
Cette discrimination contre la langue catalane n'est pas récente. Elle remonte au franquisme. Il est vrai qu'elle augmente, notamment à cause de la mondialisation qui favorise l'Anglais ou encore l'Espagnol. Depuis le référendum de 2017, certains partits politiques développent des discours haineux contre le catalan.
Isaac Mayo, politologue
L'association "Plataforma per la Llengua" agit sur tous les fronts mais le combat est de plus en plus difficile. En dénonçant les attaques contre la langue catalane, l'association cherche aussi à sauver son usage car là aussi, les chiffres sont préoccupants. Même si 85% des 8 millions d'habitants de la Catalogne au sud des Pyrénées, comprennent le catalan, seulement 30% le pratiquent, un chiffre qui ne cesse de baisser.