Alors que la récolte devait bientôt commencer, le gel s'est abattu sur les plantations d'artichauts. D'importantes pertes sont attendues dans les Pyrénées-Orientales.
Une tige noire, nécrosée par le gel. C'est la crainte de nombre de producteurs d'artichauts, en cette période de froid, marquée par des températures négatives, dans la plaine du Roussillon. Installé à Saint-Hippolyte (Pyrénées-Orientales), Laurent Amiel constate les dégâts, artichaut en main : "toute la tige est nécrosée, donc la sève ne monte plus et n'alimente plus l'artichaut, explique-t-il. Ça finira par tout noircir donc on va les couper pour les jeter par terre en espérant que la plante puisse reprendre s'il ne regèle pas".
Un risque de récidive
Un constat amer, alors que la récolte devait bientôt commencer. D'autant plus que l'ampleur des dégâts n'est pas encore totalement mesurable. "Les dégâts se voient plus tard, cinq ou six jours après le gel. Étant donné qu'il gèle encore, ça risque d'augmenter encore", déplore l'agriculteur.
Une conséquence sur la période de vente
En plus de rendre la tâche difficile pour les agriculteurs, ces aléas climatiques décalent aussi l'arrivée du produit sur le marché national. Et augmente le risque de rentrer en concurrence avec les artichauts bretons. De quoi, peut-être, réduire les ventes également.
Un peu plus au sud, à Saint-Nazaire (Pyrénées-Orientales), le constat est encore plus sévère. La moitié de la plantation est touchée. "Les têtes d'artichauts ont été touchées par le gel, elles sont complètement détruites, regrette Jean Henric, producteur et président du syndicat des Jeunes Agriculteurs 66. Ça descend jusqu'au pied et c'est là que c'est inquiétant parce qu'on ne sait pas si on perd les pieds complètement ou pas". En conséquence, plusieurs pieds pourraient être arrachés.
Mais le problème ne se limite pas aux artichauts, d'autres producteurs en salades, blettes, agrumes et amandiers ont subi le gel des derniers jours.
Une demande de reconnaissance auprès du ministère de l'Agriculture
Le syndicat des Jeunes agriculteurs a fait une demande de reconnaissance auprès du ministère de l'Agriculture afin de bénéficier d'une enveloppe d'aide d'urgence. "Après trois ans de sécheresse, là c'est le couperet de plus", assure le syndicaliste.
Ce mardi 21 janvier, une délégation de la Préfecture et de la Chambre d'agriculture doit se déplacer dans les exploitations touchées par le gel afin d'évaluer les dégâts et déterminer les aides possibles.
Écrit avec Joan Lopez et Frederic Savineau.