Xavier Roca, conseiller municipal de Pézilla-la-Rivière, près de Perpignan dans les Pyrénées-Orientales, a reçu une nouvelle lettre contenant des menaces de mort. Voilà plusieurs mois que cet élu d'opposition mène une enquête interne sur les attributions de marchés publics au sein de sa commune de 4100 habitants. Des découvertes qui l'ont déjà mené dans le bureau du procureur.
"Tu arrêtes de suite tes recherches ou on te tuera" : telle est la teneur de la lettre que Xavier Roca a découvert mi-janvier dans sa boîte aux lettres. Un courrier anonyme, tapé à la machine en lettres majuscules et bourré de fautes, qui a été posté dans l'Hérault.
Cet élu municipal d’opposition de Pezilla-la-Rivière, ancien policier national à Paris, s'interroge depuis quelque temps sur d'éventuelles irrégularités en matière de marchés publics au sein de sa commune catalane qui compte 4100 habitants à l'ouest de Perpignan.
Xavier Roca a même effectué un signalement auprès du procureur de la République, ce qui avait déclenché l'ouverture d'une enquête préliminaire. C'est visiblement cette action qui dérange le ou les auteurs de ce courrier menaçant où l'on peut lire encore :"la mairie nous appartient et tu n'arriveras pas aux élections... On te tuera avant !!!"
L'élu, qui va porter plainte, a publié cette lettre sur sa page Facebook, où il explique sa démarche : "s'en prendre à un élu, c’est s’attaquer à l’engagement citoyen et à la liberté d’expression, deux piliers fondamentaux de notre République".
Choqué mais déterminé
Xavier Roca avait déjà reçu une lettre de même acabit en juillet dernier, déposé directement dans sa boîte aux lettres. À l’époque, il n'avait pas jugé utile de réagir, mais cette fois, il compte porter l'affaire en justice et demander une protection fonctionnelle au prochain conseil municipal, ce qui permet aux élus sous le coup de menaces, de financer leurs frais d'avocat.
Au début, j’étais effrayé, je suis passé par tous les sentiments car j’ai des enfants en bas âge, on vit dans une petite commune, mais je me suis ressaisi et je vais continuer, je ne lâcherai rien.
Xavier Roca, conseiller municipal de Pézilla-la-Rivière
Il y a six mois, Xavier Roca a fait un signalement au procureur de la république de Perpignan concernant l'attribution d'une dizaine de marchés publics au sein de la commune, avec des contrats étalés sur une période de dix ans.
Une enquête préliminaire a été ouverte, menée par les gendarmes de Bompas, concernant ces chantiers publics dans la commune de Pézilla-la-Rivière : ils avaient été remportés dans leur majorité par un même architecte, déjà mis en examen dans une affaire de "favoritisme" portant sur les marchés de construction du Département des Pyrénées-Orientales.
Solidarité entre élus
En attendant, si plusieurs élus des Pyrénées-Orientales l'ont appelé pour l'assurer de leur soutien, le maire de Pezilla-la-Rivière, lui, est resté muet.
"Je suis choqué que le maire n’a même pas pris contact avec moi pour savoir si j'allais bien, alors que d’autres maires du département, eux, l’ont fait. Ces appels, cela fait chaud au cœur. Il faut savoir mettre de côté les querelles partisanes", explique cet entrepreneur en fruits et légumes.
Contacté par nos collègues d'Ici Roussillon, le maire de Pezilla-la-Rivière a "condamné sans réserve de telles démarches de menaces de violence surtout vis-à-vis des élus".
Jean-Paul Billès espère que l'auteur de ce courrier pourra être identifié, tout en se disant "très perplexe sur le bruit médiatique" autour de cette affaire.