Dans leur colère, certaines actions des agriculteurs se tournent vers des agents et services de l'État comme l'OFB ou la DRAAF, chargés des contrôles sur leur exploitation. Des associations de préservation de l'environnement ont aussi été visées. Les agriculteurs ne se trompent-ils pas de cible ? Point de situation dans le Tarn-et-Garonne.
Faute d'interlocuteur de l'État depuis la démission du gouvernement Barnier, dans le Tarn-et-Garonne, la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs ont décidé d'une "interdiction" de tous les contrôles sur les exploitations agricoles. Dans une publication sur sa page Facebook, la contrôleuse de la Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt est prise à partie. "Avec son carnet d'inspections, elle s'impose dans nos exploitations et exige des comptes. Mais aujourd’hui, nous affirmons haut et fort : nous ne la laisserons pas faire", peut-on lire dans ce message.
"À quoi ça sert de contrôler s'il n'y a personne pour commander"
À quoi bon s'en prendre à des personnes qui viennent pour contrôler et qui n’accomplissent que leur travail ? À cette question, Damien Garrigues, le président de la FDSEA du Tarn-et-Garonne, répond : "à quoi ça sert de contrôler s'il n'y a personne pour les commander ?" Les contrôles de la DRAAF sur les exploitations agricoles portent sur les phytosanitaires, la production, le semis des couverts... "Elle vient contrôler, elle vient sur place, elle voit bien que les terres sont détrempées, qu'on ne peut pas rentrer avec un engin agricole. À un moment donné, il faut arrêter. Il faut du bon sens. C'est ce qui manque dans ce pays", estime le président de la FDSEA 82.
Faut-il craindre un dérapage ? "Ah, ben, ça va finir par déraper. On ne va pas se mentir. Ça fait des mois et des mois qu'on prévient tout le monde. Mais que tout le monde s'en fout", alerte Damien Garrigues. Arrêter les contrôles ? Ce n'est pas à l'ordre du jour du côté des services de l'État. "Les agents en ont fait la semaine dernière, ils en font cette semaine et en feront la semaine prochaine, affirme le préfet Vincent Roberti qui rappelle que les contrôles, ce n'est pas une option. Qu'ils sont nécessaires, notamment pour la PAC et le versement des aides."
Le représentant de l'État dans le Tarn-et-Garonne tient à souligner que sur le terrain, les choses se passent généralement bien. Avec des échanges constructifs entre les agents et les agriculteurs."Sur 380 contrôles depuis le début de l'année, le nombre d'agents qui ont été accompagnés par les policiers ou les gendarmes se comptent sur les doigts d'une main", rassure Vincent Roberti.
"Un climat de difficulté qui, parfois, prend le dessus sur ce qui se fait de bien"
"On ne peut plus supporter d'être pris pour des pingouins depuis plus d'un an. Ils jouent avec le feu." Damien Garrigues, le président de la FDSEA 82, nous avoue qu'il n'est pas toujours évident de calmer le jeu au sein des organisations syndicales. "C'est très compliqué, nous dit-il. Quand vous avez des personnes qui n'ont plus rien à manger, des personnes qui vont perdre leur entreprise, qui voyaient une petite lueur au bout du tunnel, et là, il y a un remaniement du gouvernement et tout tombe à l'eau. Comment voulez-vous que les gars, ils ne pètent pas un plomb ? Il faut se mettre à leur place."
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Dans le département du Tarn-et-Garonne, des dégradations de bâtiments publics ont eu lieu lors de la dernière manifestation d'ampleur à Montauban. Plainte a été déposée par le préfet. Quelques semaines plus tôt, un agent de l'OFB a vu une roue de son véhicule dévissée alors qu'il était en discussion sur une exploitation. Ces actions ont été publiquement dénoncées et présentées comme menées "en dehors de tout cadre syndical". Et Vincent Roberti le pense également. Qu'il s'agit là d'actes à la marge, avec "parfois, un climat de difficulté qui l'emporte sur tout ce qui fait de bien."
Les associations environnementales ne sont pas épargnées. Le 19 novembre, des déchets ont été déposés devant les locaux de l'association FNE et son portail enfoncé.
Aujourd'hui, les agriculteurs sont inquiets de la suite qui sera donnée aux engagements pris par le ministre avant la démission du gouvernement Barnier. "Je le suis moins parce que la parole de l'État reste. La loi d'orientation agricole est sur le bureau du Sénat. Il y a pas mal de choses qui sont déjà dans les tuyaux et qui ne vont pas tarder à sortir", estime le préfet du Tarn-et-Garonne.