Un vaste réseau de travailleurs clandestins est face à la justice à Montauban ces lundi 20 et mardi 21 janvier. Dix prévenus comparaissent, mais aucun agriculteur parmi eux. Les chefs d'inculpation : exploitation humaine, fraude et blanchiment.
Ils sont jugés pour exploitation humaine, fraude et blanchiment. Dix prévenus comparaissent pendant deux jours devant le tribunal judiciaire de Montauban pour avoir fait travailler illégalement des migrants venus du Maroc. L'enquête qui a conduit à démanteler ce réseau a été longue.
Les dix prévenus sont appelés un à un à la barre. Aucun n'est agriculteur. Six d'entre eux affirment avoir besoin d'un interprète. Ils répondent du bout des lèvres aux questions de la présidente par des "je ne sais pas", "je ne comprends pas", "je ne me souviens pas".
Des ignorants aux commandes ?
Certains admettent quelques entorses au paiement des charges, à la gestion de la paperasse par manque de connaissances ou par manque de compétences. Des "non sachant", c'est-à-dire des ignorants qui ont exploité des misérables, résume un avocat de la défense. C'est pourtant une affaire de réseau de travail dissimulé qui est jugée.
Un réseau qui recrutait essentiellement au Maroc de la main-d’œuvre illégale pour des sociétés de prestations de service dans l'agriculture dans différentes régions de France, près de 300 personnes selon l'enquête.
Pour l'avocat des deux principaux prévenus, Me Simon Cohen, cette affaire serait, en fait, la conséquence d'une main-d’œuvre trop chère dans l'agriculture. Le système générerait cette forme de délinquance.
Aucun agriculteur mis en cause
"Et puis la question fondamentale que pose ce dossier, pour quelle raison n'a-t-il pas été cité un seul exploitant agricole, alors que la loi est formelle ? ajoute-t-il au micro de France 3 Occitanie. Celui qui a recours à de la main-d’œuvre ou à des salariés détachés ou à une entreprise prestataire doit vérifier la régularité des travailleurs qui lui sont envoyés. Ils ne l'ont pas fait. Ils devraient être poursuivis".
Trois MSA de France, des mutualités sociales agricoles, se sont constituées partie civile pour un préjudice estimé à plus d'un million d'euros, mais aucune n'était présente à l'audience. Le procès se poursuit ce mardi 21 janvier. Les avocats de la défense craignent des réquisitions sévères.