Dans le Tarn, des élus sont contraints de réaliser l'entretien de leur route communale en maniant la pelle et le râteau. Le budget de la petite commune ne permet pas de financer l'entretien de sa voirie. Cette situation est loin d'être isolée.
La commune de Fayssac ne manque pas d'atouts. Elle compte un peu plus de 300 habitants. Mais sa démographie est dynamique. Avec son école, sa proximité avec la ville préfecture d'Albi et son implantation au milieu du vignoble gaillacois, le village attire, tous les ans, de nouveaux habitants. Auxquels s'ajoutent, tous les week-ends, les amateurs de marche à pied attirés par les nombreux chemins de randonnée qui quadrillent le territoire communal.
Un 1er adjoint comme "chef de chantier"
Il y a toutefois une ombre à ce tableau : l'état de sa voirie.
La maire, Stéphanie Nadaï-Puech, estime que "c'est une problématique de sécurité publique". Mais, avec un budget annuel de 200 000 euros, cela vire au casse-tête. "Pour réaliser les travaux, il faudrait arrêter tous nos projets. Or, nous avons lancé des chantiers importants pour le développement ou l'attractivité de notre village comme par exemple la rénovation d'un bâtiment que l'on va mettre à la location. Et ce ne serait même pas suffisant. Il faudrait que l'on arrête de se verser nos indemnités et même ne pas payer notre secrétaire municipale ainsi que notre employé en charge de l'entretien. Bien sûr, c'est impensable" souligne l'élue locale.
Les routes, c'est une priorité et c'est la sécurité pour tous
Stéphanie Nadaï-Puech - maire de Fayssac (Tarn)
Aussi, face à ces contraintes, ce sont les élus municipaux qui vont se transformer en terrassiers. Dans les prochains jours, le 1er adjoint de la commune va manier la pelle et une machine à damer pour reboucher les nids-de-poule. Gilles Raucoules est habitué à compenser le manque de moyens par une bonne dose d'habileté et une vraie dose d'ingéniosité. C'est lui qui trouve une solution lorsqu'il faut réparer les cloches de l'église ou encore fabriquer, de ses propres mains, un isoloir pour les jours de vote.
Mais c'est la première fois que l'adjoint au maire se lance, avec ses camarades du conseil municipal, dans la réfection de route.
Et ce n'est pas vraiment un choix. C'est plutôt une nécessité. Il s'agit de faire face au plus pressé. Stéphanie Nadaï-Puech souligne que ces travaux - fait maison - sont réalisés dans " l'attente de solutions financières. Nous bénéficions d'une aide précieuse, celle du conseil départemental du Tarn. Elle représente entre 30 et 40 % du montant des travaux. Mais les petites communes comme la nôtre, on aimerait être aidé techniquement et financièrement".
Et, effectivement, la commune de Fayssac n'est pas la seule à être confrontée au casse-tête des routes.
Les routes, un casse-tête
Sur la commune de Villefranche d'Albigeois, l'entretien des routes n'est pas, selon l'expression du maire, "un sujet".
Bruno Bousquet a dû refaire entièrement la voirie dans deux lotissements et il n'a eu aucune difficulté à financer les travaux. " Nous disposons d'un fonds intercommunal de 623 000 euros, abondé par le conseil départemental, des remboursements de TVA et des versements des communes. À Villefranche nous avons une enveloppe annuelle de 70 000 euros hors taxe. Si nous restons dans cette enveloppe, les travaux ne nous coûtent rien" souligne l'élu local.
En revanche, à une trentaine de kilomètres de Villefranche-d'Albigeois, toujours dans le Tarn, la situation est beaucoup moins confortable. Le 1er adjoint de la commune de Cestayrols, en charge des travaux et des finances, met en avant une donnée géographique, géologique, qui joue d'autant plus que le réchauffement climatique monte en puissance : " nous avons un sol argileux". Les voies communales "souffrent" d'autant plus sous l'effet du gel et des écarts de températures importants.
Et cela a des conséquences financières. Même si les prix ont baissé.
Directeur Général des Services (DGS) à la mairie d'Auch, Sébastien Blanc, estime que "la tension sur les produits noirs (ndlr matières premières pour la construction des routes) est terminée. On est revenu à un niveau gérable. Les prix ont baissé et l'inflation que l'on a connue il y a 18 mois sont derrière nous. Il y a un ralentissement de la demande et nous sommes dans une séquence basse s'agissant des appels d'offres. C'est certain. Mais on est pas mal sur les prix".
Pour 100 mètres, on peut arriver à 20 000 ou 30 000 euros
François Jongbloet -mairie de Cestayrols (Tarn)
Autrement dit, les communes lancent moins de chantiers et passent moins de marchés publics. Mais le coût a baissé pour les collectivités. Mais cela reste tout de même une charge importante pour une commune comme Ceytaurols et d'autres municipalités.
Ainsi, le 1er adjoint, François Jongbloet, précise avoir "beaucoup de problèmes pour financer l'entretien des routes. Réaliser 3 ou 5 mètres, c'est onéreux et ça chauffe quand on arrive au kilomètre. Quand il faut creuser 30 à 40 centimètres, remplir de cailloux, tasser c'est quelque chose de très coûteux".
L'élu en charge des travaux précise que, dans certaines communes, il arrive que, vu l'ampleur et la cherté des travaux, que " 500 mètres (de travaux) soient étalés sur 2 ans".