Comment l’ourson Douillous s’est offert 48 heures de liberté dans les Monts de Lacaune (Tarn) après été capturé dans les Pyrénées alors qu'il avait été séparé de sa maman ? Récit d’une folle escapade par son gardien.
5 mois à peine et le talent d’un « Arsène Lupin». Douillous est un ourson qui ne manque ni d’imagination ni d’agilité. Dans la nuit du 16 au 17 juin, il s’est offert une « sortie » à l’air libre.
Les dernières images que nous avons de lui remontent à 23 heures 17, on le voit se diriger vers l’angle de son enclos et le lendemain, au moment de le nourrir, on a découvert un trou d’environ 12 à 15 cm
précise Sébastien Muller.
L’évasion s’est déroulée 4 jours après l’arrivée de Douillous dans son refuge tarnais. Les premiers temps, l’ourson dort dans un chalet. Mais rapidement il prend ses marques.
Un amateur de cerises et de yaourt à la grecque
Ses soigneurs lui déroulent un véritable « buffet » sous le museau : yaourt à la grecque, radis, cerises, raisin, miel…Douillous se laisse convaincre. Il s’alimente. Chaque repas (4 à 5 fois par jour) est photographié pour mesurer les quantités ingurgitées. Au terme du protocole, le résultat est là. Douillous s’adonne à ses activités préférées : gambader et faire la sieste. Il peut le faire en toute tranquillité. Son enclos est « camouflé ». Des branchages, issus de son univers naturel, l’isole du reste du refuge. Il ne risque pas de croiser un visage humain ou la silhouette d’un autre animal.Ce dispositif a un but : permettre un retour de l’ourson dans son milieu naturel. Sa nature d’animal sauvage doit être protégée. Et Douillous s’acclimate sans problème. Au bout de 2 jours, il passe ses nuits à la belle étoile.
Une double évasion
Et c’est là qu’il décide de faire « le refuge buissonnier ». Douillous opte pour la voie souterraine. « On se demande encore comment il a pu passer par un trou pareil. C’est mystérieux. Tous mes enclos sont entourés de béton. Il existe un arbre pas très loin. Les racines ont visiblement affaibli une petite partie du corps en béton. Lorsqu’il s’est mis à gratter, il a réussi à faire un trou de 13cm.» précise son gardien.Après l’enclos, Douillous a dû franchir une double clôture. Il a pu également monter à un arbre puis sauter. Je me pose encore la question » déclare Sébastien Muller.
Un fait est établi. Douillous se retrouve dans un champ qui jouxte le refuge. Et là, il signe son retour au bercail. L’ourson laisse un poil au milieu du blé. Les chiens vont le retrouver et, passé au microscope, il permet d’identifier le « fugitif ». Un autre poil, retrouvé un peu plus loin, permet de définir la direction de l’ourson.
Vers 21 heures 30, c’est la fin de la « récréation ». Le propriétaire d’une ferme voit Douillous et prévient la mairie. Une équipe de l’ONFCS se rend sur place. L’ourson aperçoit ses « sauveurs » et prend la poudre d’escampette. 5 à 6 minutes de course poursuite; Douillous est « encagé ».
Les sauveteurs de l’ourson sont soulagés et ne peuvent pas retenir un éclat de rire face à la dextérité du jeune Douillous. Son gardien souffle :
J’ai vécu une terrible tension. J’ai dû dormir 1 heure ces deux derniers jours et je n’ai pas arrêté de me remettre en cause. Je pensais au pire
Sébastien Muller doit à son protégé une belle frayeur. Mais, il salue la débrouillardise de son protégé.
précise Sébastien Muller.L’ourson doit retrouver son milieu naturel. Ce sera d’ailleurs une expérience unique en France. Un ourson qui est remis dans son environnement. Et bien vu son tempérament, je suis confiant
Le gardien de Douillous, malgré l'épreuve subie garde un "bon souvenir" de cette aventure qui se termine bien grâce au professionnalisme de l'ONCFS.