"Une partie de la zone humide pourrait être impactée" : le spectre d'un nouveau barrage à Sivens ressurgit, 10 ans après le drame de Rémi Fraisse

INFO FRANCE 3 - Une décennie après la mort de Rémi Fraisse, le projet de retenue d'eau de Sivens refait surface, cristallisant les oppositions. Alors que la vice-présidente du projet de territoire défend des retenues de 800 000 m³ pour répondre aux besoins agricoles et environnementaux, les opposants dénoncent un "passage en force" et contestent l'ampleur du projet.

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Alors que la question de l'avenir du projet d'autoroute A69, devant relier le sud du Tarn à Toulouse, n'est toujours pas tranchée, un autre sujet polémique, fondateur dans les mouvements de protection de l'environnement, refait surface : le projet de retenue d'eau de Sivens. 10 ans après la mort de Rémi Fraisse, le barrage ravive les tensions en cette fin d'année 2024.

Un projet en phase finale

Maryline Lherm, maire de Lisle-sur-Tarn, ne s'en cache pas. Le Projet de Territoire pour la Gestion de l'Eau (PTGE) du Tescou regroupant depuis 2017 55 acteurs (associations, institutionnels, collectivités, acteurs économiques, agriculteurs, citoyens…), est dans sa dernière phase. "Nous avons constitué une régie pour travailler sur le PTGE et recruté sa directrice" explique la représentante du Conseil départemental du Tarn.

L'élue dresse le portrait de ce nouveau projet. "Les besoins pour la vallée ont été évalués à 800 000 m³ : 400 000 pour l'agriculture, 200 000 pour le milieu et 200 000 pour maintenir une viabilité de l'ouvrage. Ces réserves d'eau se feront à partir de retenues collinaires qui ont été recensées et un ou plusieurs nouveaux ouvrages. Le débat est ouvert notamment sur l'amont du Tescou. Nous y sommes, mais ça se crispe". Des crispations liées au lieu même de la construction éventuelle de ce nouveau barrage. À Sivens, à quelques mètres de l'endroit où Rémi Fraisse a été tué, mais aussi au chiffrage du besoin en eau.

"À notre grande surprise, le 25 novembre dernier, dans le cadre d'une Commission Thématique « Eau », a été présenté un cahier des charges pour une étude d'aménagement de stockage d'eau : imposant un nouveau barrage à Sivens sur la zone humide du Testet au mépris de la charte préalable, du règlement intérieur et de la fiche action correspondante, sans prise en compte de nos propositions visant une issue gagnant-gagnant, que ce soit celle du « scénario agroécologie et ressources en eau » de 2020 ou celle de la lettre ouverte envoyée le 15 octobre dernier à la Régie Tescou" dénoncent plusieurs associations (Confédération Paysanne 82, ADEAR 82, Confédération Paysanne 81, N&P 81, UPNET (FNE81), FNE 82, Collectif Testet, Lisle Environnement), membres du projet de territoire.

La zone humide impactée

Pour leur porte-parole, Christian Pince, le chiffre de 800 000 m³ est largement surévalué. "Nous estimons que 200 000 m³ d'eau sont le maximum nécessaire pour répondre aux besoins. Les études existantes et les ressources actuelles sont ignorées dans le calcul des besoins. Il existe 78 retenues collinaires totalisant 1,1 million de m3, non prises en compte dans ce projet. Dans le cahier des charges, la présence de la zone humide n'est pas indiquée."

"Il y aura une partie de la zone humide qui pourrait être impactée, reconnaît Maryline Lherm. Mais il y aura des compensations. Ce sont déjà des sujets qui ont déjà été travaillés." La vice-présidente du Conseil départemental appelle au consensus et souligne l'importance du projet pour la région, notamment pour l'installation de maraîchers.

Vers un consensus ou un échec ?

Christian Pince s'emporte, de son côté, face à ce qu'il considère comme une "posture d'autorité" et un "passage en force" de Maryline Lherm. "Elle reste figée dans cette forme de démocratie représentative d'un autre temps : vous mettez un bulletin de vote, on s'occupe de tout, dormez, braves gens. Ce sont nous qui avons l'autorité. C'est nous qui décidons. C'est nous qui avons le pouvoir et donc, écrasez-vous. Cette attitude n'est plus acceptable."

À lire : Autoroute A69 : 5 informations pour comprendre la bataille autour de ce projet controversé

"Maintenant, il faut avancer, rétorque l'élue tarnaise. Sinon, à ce moment-là, nous abandonnons et ce sera un échec global pour les élus, pour les syndicats agricoles et pour les associations environnementales. Une prochaine réunion entre le 15 et le 30 janvier, en présence du préfet, est prévue pour établir un calendrier plus précis. Personne n'a intérêt à aller vers l'échec." Surtout 10 ans après celui du premier barrage de Sivens et les tensions nées du projet d'autoroute A69. Sollicitée, la préfecture du Tarn n'a pas souhaité répondre à nos questions.

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