VIDEO. Les images de renards pris au piège par des chasseurs du Tarn provoquent l'indignation

Un naturaliste auteur de plusieurs livres sur la faune a publié sur sa page Facebook des images de piégeage légal de renards qui auraient été tournées près d'Albi. Son objectif : sensibiliser population et élus à la souffrance de ces animaux afin que la législation évolue.

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Un naturaliste, Pierre Rigaux, a décidé de partager sur sa page Facebook des images de piégeage de renards. Son objectif : alerter les pouvoirs publics et notamment les élus sur le sort réservé à ces animaux afin que ce droit au piégeage soit aboli.

Le naturaliste, auteur de plusieurs ouvrages sur la faune, explique avoir obtenir ces images d'un lanceur d'alerte dont il ne révèle pas le nom. Elles ont d'après lui été tournées dans le Tarn, à proximité d'Albi, entre juillet 2020 et janvier 2021 par le piégeur lui-même.

Le naturaliste Pierre Rigaux dénonce à travers cette vidéo le piégeage légal de renards qui auraient été tournées près d'Albi. Son objectif : sensibiliser population et élus à la souffrance de ces animaux afin que la législation évolue.

L'homme les commente pour ses connaissances semble-t-il. Nous avons pu l'identifier. Il ne cache pas ses activités puisqu'il les expose lui-même sur sa page publique Facebook. 

Indignation

Les réactions sur les réseaux sociaux sont nombreuses et témoignent du dégoût et de l'indignation des internautes vis-à-vis de ces pratiques et des personnes qui s'y adonnent. Mais le piégeage est légal en France, il est souvent pratiqué par des chasseurs. 

Sa pratique est encadrée. Il ne peut être exercé que par des personnes agréées, enregistrées dans leur commune. Longtemps qualifiés de nuisibles, les animaux qu'on peut piéger sont aujourd'hui désignés comme "espèces susceptibles d'occasionner des dégâts". Elles sont recensées dans une liste établie par la préfecture et revue tous les trois ans. Renard, fouine, marte, ragondin, corneille noire, rat musqué, lapin de garenne, corbeau freux, etc. mais aussi espèces exotiques sont concernés.

"Une pratique très répandue"

Les personnes qui le font doivent gérer leurs pièges selon une réglementation précise. Les pièges doivent être, par exemple, relevés tous les matins. Elles ne peuvent installer leurs pièges que sur des parcelles autorisées. 

Pierre Rigaux explique que "ces images sont peu communes mais la pratique est elle-même très répandue. Plus de 600 000 renards sont tués chaque année en France (tir, piégeage, déterrage), au mépris de toutes les données scientifiques montrant qu'il n'y a aucune raison sanitaire ou écologique à cela".

Un désagrément pour les chasseurs

Pour le naturaliste, le piégeage n'a donc pas de justification écologique. L'animal est selon lui totalement intégré à l'écosystème et contribue à la pérennité des cultures, en mangeant quantité de petits rongeurs. Quant au fait qu'il peut s'attaquer aux populations de perdrix et de faisans que les chasseurs élèvent pour la chasse, "il s'agit d'un désagrément pour les chasseurs, mais ça n'est pas un argument écologique", argumente le naturaliste. 

"Le piégeage et le tir de renards font chaque année des centaines de milliers de mort. Or des études nombreuses, y compris de l'Office français de la biodiversité, ont montré que ces pratiques ne font en rien baisser la population. Elles permettent juste à de jeunes renards d'avoir un meilleur taux de survie. Chaque fois qu'on tue un renard, un autre prend sa place".

L'argument sanitaire en question

Le naturaliste appelle donc à faire cesser ces pratiques qu'il juge indigne au regard des souffrances qu'elles génèrent. Sur un plan sanitaire, argument évoqué par les pro-piégeage, Pierre Rigaux, est plus que dubitatif, même s'il admet que l'échinococcose alvéolaire est très dangereuse pour les humains.

Cette maladie parasitaire est due au développement dans le foie de la larve d'un petit ténia, qui procède comme un cancer et peut être mortel chez l'homme. La transmission des oeufs se fait par les crottes de renard. D'où la nécessité de laver les fruits ou plantes récoltés dans la nature avant de les consommer.

Un concurrent pour les chasseurs ?

"Cette maladie est rare, poursuit le naturaliste. Et le fait de tuer des renards n'a aucun effet sur sa transmission. Par ailleurs, des études sur la maladie de Lyme montrent que plus il y a de renards, moins il y a de petits rongeurs qui sont les premiers hôtes des tiques. Certains piégeurs mentionnent encore la rage qui a complètement disparu en France. Aucun de ces arguments n'est recevable".

Pour Pierre Rigaux, le renard est un prédateur qui reste simplement perçu par des humains, chasseurs pour la plupart, comme un concurrent. Nous avons tenté de joindre la fédération de chasse du Tarn pour connaître sa position sur ce sujet. Mais aucun interlocuteur n'a souhaité répondre à nos questions.

 

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