Trois personnes, soupçonnées d'être des experts en trafic de bijoux et pierres précieuses en Europe, seront jugées le 3 mars à Castres pour avoir subtilisé trois diamants estimés à près d'un million d'euros.
L'histoire aurait pu se dérouler sur la côte d'Azur ou dans la capitale, mais c'est bien à Mazamet, petite ville reculée du Tarn que les faits se sont produits.
Nous sommes en août 2017, un négociant en pierres précieuses présente des diamants à un expert mandaté par un acheteur. Ces diamants sont placés dans une boîte sous scellés, en possession du vendeur, le temps qu'il reçoive un virement bancaire d'1,1 million de dollars.
Le lendemain, en l'absence de virement sur son compte, le négociant ouvre la boîte, vide. Les diamants ont été dérobés lors du rendez-vous de la veille.
"C'est un procédé classique, c'est ce qu'on appelle un voleur aux mains d'or, des experts internationaux doués pour subtiliser des objets de valeur", précise la source proche de l'enquête.
Après des mois d'enquête, les enquêteurs de la section de recherche de la gendarmerie, basés à Toulouse, vont retrouver la trace des escrocs, de nationalité roumaine.
Un couple de Roumains et un négociant indien
Le couple de faux acheteurs est arrêté en octobre 2017 à Nice, le "voleur aux mains d'or" le mois suivant à Modane, dans les Alpes françaises, en possession d'un faux diamant. Il devait toucher 50.000 euros pour subtiliser les diamants.La première rencontre remonte à avril 2017, lors d'un salon diamantaire à Monaco. Le couple de Roumains se présente, sous un faux nom, comme de riches Arméniens désireux d'investir dans des pierres précieuses.
Deux mois plus tard, un 2ème rendez-vous a lieu à Milan. Le 3ème à Mazamet, où est basé le bijoutier français et associé du négociant indien propriétaire des diamants, Nishit Shah.
Trafic de vrais bijoux payés avec de faux billets
Lors de l'interpellation du couple à son domicile, sur la Côte d'azur, les gendarmes ont mis la main sur des montres et des voitures de luxe, pour une valeur de 150.000 euros. Le couple trafiquait faux et vrais bijoux et payait souvent avec des faux billets.Le commanditaire de l'escroquerie, un Serbe vivant en région parisienne, n'a pas encore été interpellé. Un mandat d'arrêt international a été émis. Sa maison de Bondy, estimée à 700.000 euros, a été saisie.
Pour ajouter au mystère, la victime, le négociant indien, ne sera pas au procès, il est mort en 2018 d'une crise cardiaque, à Bombay.
Les polices européennes connaissent les modes opératoires de ces trafiquants de bijoux. "Ils organisent des escroqueries de haut niveau. Ce sont de grosses organisations criminelles avec des relais un peu partout en Europe", selon la source proche de l'enquête.