Des ouvriers de Gillet industries à Albi, "la plus ancienne fonderie de France", ont présenté devant le tribunal de commerce un projet de reprise de leur entreprise en faillite, pour devenir "leurs propres patrons" dans une scop. La décision est attendue dans les jours qui viennent.
L'avantage de ce projet de société coopérative, "c'est qu'il est porté par 27 ouvriers avec leur savoir-faire, qui ont décidé de partir tous ensemble non seulement pour sauver leur emploi, mais aussi parce que leur entreprise a de vrais perspectives", a fait valoir Christophe Léguevaques, avocat au barreau de Paris, spécialiste de la reprise d'entreprises. Si la fonderie a été placée en liquidation judiciaire, en juillet, "c'est dû à sa mauvaise gestion passée", a plaidé l'avocat avant l'audience. Mais "elle a des clients", a-t-il ajouté, rappelant qu'elle fabrique notamment "les pompes utilisées par les pompiers n'importe où en France".
En formant une Scop, "ces salariés deviendront leurs propres patrons. Chacun réinsérera une partie des sommes de son licenciement pour devenir actionnaire. Puis, ce sera "un vote, une voix", tout le monde à égalité", a expliqué un des deux porteurs du projet de reprise, Boris Boissiere, 38 ans. Il a relevé que l'un des ouvriers impliqués avait "40 ans d'ancienneté puisqu'il avait commencé comme apprenti". M. Boissiere n'est employé de la société que depuis juin, mais a quinze ans d'expérience en fonderie. Pour lui, "si on remédie à la mauvaise organisation actuelle de la fonderie Gillet, le chiffre d'affaires par personne peut passer de 65.000 à 95.000 euros".
L'origine de la Fonderie Gillet - du nom d'une longue lignée de fondeurs - remonte au 17e siècle, du temps du roi Louis XIV, quand elle était un fournisseur officiel de la monarchie. Selon son site internet, elle a fabriqué des cloches, des canons ou encore les "colossaux robinets en bronze" du bassin Saint-Ferreol, réservoir d'alimentation en eau du Canal du Midi créé à partir de 1667.
Située dans le centre-ville d'Albi, l'entreprise se flatte d'être aujourd'hui l'une des rares fonderies en France à travailler tout à la fois l'aluminium, le bronze et le cupro-aluminium (alliage de cuivre et d'aluminium). Parmi ses secteurs d'activité, elle cite "le matériel ferroviaire, les manufactures de pneumatique, la motorisation navale, terrestre, aérienne, l'énergie hydraulique, l'armement" ou encore "le matériel agricole".
En septembre, quand aucun repreneur n'avait déposé d'offre pour cette entreprise de 44 salariés, son PDG avait évoqué dans la presse le "contexte défavorable", "une activité atone" et le fait que les autres entreprises avaient "assez à faire pour maintenir et gérer leur propre société avant de penser à la croissance externe".