EDITO - Ce 6 février, on devrait moins entendre les portables sonner. "Devrait", car si cette date est traditionnellement et pour la 13e année consécutive la journée mondiale sans portable, il est difficile de couper le cordon avec son smartphone, devenu essentiel dans la vie de tous les jours.
La journée mondiale sans portable, c'est une belle idée qui a trotté dans la tête d'un écrivain indépendant, Phil Marso. C'était... en 2001. Et depuis le 6 février de cette année-là, tous les ans sont proposées 3 journées sans son portable. Belle idée... Mais est-elle réalisable ?
En avril 2012, on découvrait un nouveau mot « Nomophobie » mot qui désignait les phobies dues à la séparation de son outil de communication : téléphone portable, Smartphone, tablette tactile... Puis on entend désormais parler d'« Adikphonia », maladie addictive "provenant d’avancées technologiques plus particulièrement des téléphones portables et des nouvelles générations de Smartphone", précise le site Mobilou.info. "L’individu vit 24 h / 24 dans la connexion compulsive de peur d’être coupé du monde."
Mais concrètement, peut-on se permettre sérieusement de se couper de son smartphone aujourd'hui ? Ce qui demandait un effort il y a 12 ans, à l'heure de la première édition de la Journée sans portable, apparaît comme impensable en 2013. Je m'explique. En 12 ans, sont apparus Twitter et Facebook, deux réseaux sociaux qui ont pris une place prépondérante dans notre quotidien. Ils nous raccrochent à nos amis, à nos contacts -qu'ils soient personnels ou professionnels- et l'utilisaton de ces réseaux via les smartphones a désormais pris le dessus sur l'ordinateur. "Soit !" allez-vous dire. Certes, ces applications ne sont pas à proprement parler "vitales". Mais quid du fait que depuis 2001 et l'avènement du dégroupage total proposé par les Fournisseurs d'Accès Internet, nombreux sont qui ont purement et simplement abandonné la ligne fixe qu'ils détenaient jusqu'alors auprès de l'opérateur pré-historique France Télécom ? Si ce dernier est devenu Orange, ce n'est sans doute pas uniquement pour des raisons économiques.
Les consommateurs n'ayant plus de ligne fixe donc, que se passerait-il si on leur enlevait leur portable ? Nous vivions sans auparavant. Oui. Mais avez-vous déjà vécu sans ligne fixe ?
Bientôt des lunettes connectée
Alors, bien sûr, les usages des nouveaux outils de communication sont le quotidien d'une certaine partie de la population, plutôt urbaine, branchée et aisée... Mais pas que ! la démocratisation des smartphones est un fait. Celle des abonnements tout illimité aussi, permettant d'appeler et d'envoyer autant de texto qu'on le souhaite, de se connecter quand on le veut et où qu'on soit.
Non, la vraie interrogation, c'est peut être finalement la raison de cette journée sans portable. Serions-nous simplement nostalgique ? Avouons-le, ce serait aller contre l'évolution de notre société, toujours plus connectée, où l'information circule toujours plus vite. Que dirons-nous alors quand nous porterons tous les lunettes de Google qui nous permettront d'entendre nos interlocuteurs grâce aux vibrations de notre boîte crânienne ?
Je terminerai par une simple question : de votre côté, êtes-vous prêt à décrocher ?
Réagissez et postez vos commentaires ci-dessous.
>> À lire : le très bon édito de David Abiker "Une jeune femme sans portable"
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