Une cinquantaine de patients ont été victimes en 2011 et 2012 d'un surdosage accidentel de radiothérapie à l'Institut Curie de saint-Cloud mais aucun "effet médical" n'a été détecté chez ces personnes atteintes de cancer, selon un bilan provisoire fourni jeudi par un responsable de l'Institut.
L'incident intervenu sur deux appareils du centre Curie de Saint-Cloud, près de Paris, concerne "le réglage du système d'imagerie permettant le contrôle du positionnement du patient, pendant le traitement par radiothérapie.
L'erreur ne porte pas sur la dose de rayonnements délivrée lors du traitement mais découle d'un problème de réglage du système d'imagerie, incorporé à l'appareil de radiothérapie. Ce dernier système qui permet de vérifier que le traitement est correctement dirigé sur la zone à traiter (généralement la tumeur) émet lui aussi des rayons mais en bien plus faible dose que pour l'irradiation véritable (1,5% à 3% de la dose du traitement).
"Lors d'un réglage par le constructeur (le groupe allemand Siemens, ndlr), on a fait des mesures et on s'est rendu compte que la dose délivrée pour l'image était supérieure à celle qu'on pensait", a expliqué Dr Fouquet. L'erreur pourrait découler d'un "problème de communication" avec le constructeur.
L'Institut Curie a examiné les dossiers de tous patients passés sur ces deux machines et en a comptabilisé une cinquantaine pour lesquels les rayonnements reçus étaient supérieurs au surdosage maximum toléré en France de 5%. Un nouveau calcul plus précis des dosages reçus est en cours.
Les patients concernés ont été contactés pour qu'ils viennent consulter dans les plus bref délais, indique Curie qui chaque année traite 13.000 patients et réalise 100.000 séances de radiothérapie.
"Pour l'instant sur les dossiers qu'on a revus, sur les patients qu'on a contactés, on n'a pas mis en évidence d'effet médical, d'incident en terme de toxicité" lié au surdosage, indique le Dr Fouquet.
Marisol Touraine, ministre de la Santé, a été "informée" de "l'incident" et a décidé de lancer une mission de l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) pour "établir très rapidement la matérialité des faits".
Cette mission devra rendre ses premières conclusions sous huit jours, explique dans un communiqué le ministère qui prend l'affaire au sérieux après le procès des sur-irrradiés d'Epinal.
La radiothérapie qui consiste à tuer les cellules cancéreuses avec des rayonnements ionisants, reste une arme très efficace contre de nombreux types de cancer.
Reportage de Didier Morel, Michelle Rey et Abdel Joudi