La reconstitution en 3D du Collège des Bernardins ou la visite virtuelle du Palais Bourbon : participer aux Journées du Patrimoine depuis son canapé, sans faire la queue, c'est désormais possible grâce à des initiatives purement numériques.
Le "digital heritage", soit en français la rencontre du patrimoine et du numérique, est "une nouvelle discipline en train d'émerger", résume Mehdi Tayoubi, vice-président stratégie digitale et expérientielle du groupe Dassault Systèmes, à l'origine de la reconstitution en 3D du Collège des Bernardins à Paris.
"Ce type de reconstitution sont des travaux de longue haleine, qui mobilisent plusieurs types de spécialistes, des scientifiques aux graphistes 3D sensibilisés à l'archéologie", explique-t-il.
Le concepteur de logiciels dévoile à l'occasion des Journées du Patrimoine le résultat d'un travail mené avec l'Inrap (Institut national des recherches archéologiques préventives) pour reconstituer le Collège des Bernardins tel qu'il était au XIVe siècle, "un collège cistercien emblématique dont on venait de toute l'Europe pour y étudier".
Aujourd'hui, le "bâtiment des moines" est le seul rescapé d'un ensemble qui comprenait "une église gigantesque dont la flèche de 27 mètres de haut rivalisait avec celle de Notre-Dame (32 mètres), et une sacristie dotée d'un escalier à double révolution, prouesse architecturale pour l'époque", raconte Nicolas Serikoff, le chef du projet.
"Là où se dressait autrefois l'église, il y a maintenant des immeubles et le parking Saint-Germain-des-Prés. Et le bâtiment des moines hébergeait jusqu'à la fin des années 1990 une caserne de pompiers", précise-t-il.
Sur le site www.3ds.com/paris3D, l'internaute peut depuis mercredi retrouver le complexe en images 3D, dans son contexte historique urbain. Et ce weekend, le Collège des Bernardins propose une double visite physique et virtuelle, commentée par un guide conférencier.
Pendant près de six mois, les équipes de Dassault Systèmes et celles de l'Inrap ont travaillé sur des gravures, plans d'époque, dessins et textes, supervisées par l'archéologue et commissaire scientifique Marc Viré, qui avait mené les fouilles sur le site au début des années 2000.
Autre partenariat numérique spécifiquement noué pour ces Journées du Patrimoine, celui entre le géant Google et l'Assemblée nationale, qui permet une visite virtuelle complète du Palais Bourbon et de l'Hôtel de Lassay (où loge son président).
"Chaque année, les Journées du Patrimoine sont un grand succès pour nous avec quelque 17.000 visiteurs. Mais l'idée était d'ouvrir en plus grand nos portes et de prendre une dimension mondiale, pour dépasser notre public classique", indique-t-on à l'Assemblée.
Google a ainsi arpenté cet été les deux bâtiments avec un "chariot" équipé d'appareils photo pour reproduire le plus fidèlement possible une visite in situ, pour un résultat accessible depuis la plateforme en ligne de l'Institut culturel de Google www.google.com/culturalinstitute.
Le partenariat a aussi débouché sur une exposition intitulée "Entrez dans les Chambres", qui permet aux internautes de découvrir les 42 chambres parlementaires de l'Union européenne.
Enfin, pour la Cité internationale universitaire de Paris confiera des tablettes numériques ce weekend à ses visiteurs afin qu'ils puissent "visualiser en temps réel" les transformations de cette résidence pour étudiants du monde entier. "Ponctué de zooms historiques, ce parcours d'une heure, serpentant de la Fondation Deutsch de la Meurthe (la première à avoir vu le jour à la Cité) à la passerelle menant à Gentilly, permet de mieux comprendre les différentes ambiances qui alimentent l'idéal humaniste de la cité internationale", est-il indiqué.